Îlots de reconquête & poches de résilience

Îlots de reconquête & poches de résilience

Après avoir interrogé le concept de résilience sur le précédent numéro, nous avons décidé de ne pas en faire une nouvelle victime de « l’obsolescence symbolique programmée », pour reprendre les mots de Christine Marsan. Nous avons donc cherché à comprendre ce que pourraient bien être ces « petits systèmes résilients » évoqués par Dennis Meadows un demi- siècle très exactement après son fameux rapport sur les limites de la croissance.

Nous avons rencontré Geneviève Fontaine, chercheuse en sciences économiques et cofondatrice du tiers-lieu Sainte Marthe de la SCIC Tetris à Grasse. Et sur ses bons conseils, nous avons donc commencé par déconstruire. Un tiers-lieu ne se détermine pas par un lieu, quand bien même ce dernier en colore la dynamique. Surtout, les poches de résilience sont invitation à changer notre rapport au monde et non à perpétuer le système dominant actuel. Il est impossible selon elle d’en évacuer la dimension politique. L’enjeu est précisément dans ce pas de côté, voire d’inversion des valeurs comme l’évoquait Alain Damasio (Les Furtifs) dans une interview accordée au webmédia Basta : « Créer une pluralité d’îlots, d’archipels, est la seule manière de retourner le capitalisme. » Geneviève Fontaine est bien dans cette logique d’archipélisation, terme de sociologie désignant le « processus d’autonomisation de communautés qui partagent un lien commun. » Des poches de résilience sociétales mais aussi des îlots de réensauvagement.

La résilience de la vie sauvage apparaît comme une urgence absolue à l’heure de l’anthropisation galopante des espaces sur cette planète. Raison pour laquelle nous sommes allés chercher François Couplan en invité d’honneur de cette édition. Ethnobotaniste de renommée mondiale, les plantes sauvages du monde entier n’ont depuis longtemps aucun secret pour lui. Nul doute que l’école d’Ethnobotanique qu’il a installé sur 60 hectares dans le Haut-Ourgeas (04) constitue une poche de résilience du sauvage. Plus sceptique sur notre désir réel de changer, il nous invite à cultiver, au contact des plantes sauvages, le sens du complexe autant que celui de l’émerveillement. De son côté, le journaliste Abdellatif Azdine s’est intéressé à un univers qui n’est pas vraiment dans la culture tiers-lieu : l’industrie.

Notre ligne éditoriale a un fort penchant pour ce téléscopage des cultures… Oui, les entreprises industrielles constituent de potentielles poches de résilience, a minima à l’aune de la transition énergétique. D’autres contributions inédites sont à retrouver sur www.lanthroposcene.fr Une galerie de portraits signés Christine Marsan. Mais aussi le film-documentaire Archipels d’Olivier Eschapasse réalisé pour L’Anthroposcène : qu’est-ce que la transition par ceux qui la font ? Un dernier point : nos contenus on-line ne sont pas payants. A l’instar de Reporterre.net, nos moyens seront ceux que nos lecteurs voudront bien nous donner. Sous forme de don ponctuel ou mensuel. Pour reprendre l’esprit des « contributions » dont parle Geneviève Fontaine : non pas réfléchir à combien vous pensez que ça vaut, mais à quelle hauteur vous souhaitez (vous) investir pour que ça dure. Parce qu’un média indépendant, vous le savez, ça peut aussi être une poche de résilience…

Edito par Stéphane Robinson
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