
29 Juin Fernand Léger et le cinéma
«Le cinéma personnalise le fragment, il l’encadre et c’est un nouveau réalisme dont les conséquences peuvent être incalculables», écrivait Fernand Léger en découvrant Charlie Chaplin, aux prémices du 7e Art. La rencontre entre l’artiste-peintre et le cinéma est déterminante, à tel point que la caméra et l’acting ponctueront régulièrement sa carrière artistique.
Tel est l’objet de l’exposition présentée par le Musée National Fernand Léger à Biot, qui rend compte des différentes facettes de l’artiste : cinéphile, créateur de décors et d’affiches, acteur, producteur… Films, tableaux, archives et photographies cernent le sujet dans sa richesse et sa modernité, afin de mettre en lumière l’aspect pluridisciplinaire de l’œuvre de Léger.
Le parcours de l’exposition jongle entre les films réalisés par l’artiste, tel Ballet Mécanique (1924), considéré aujourd’hui comme l’un des chefs-d’œuvre du cinéma expérimental ; les goûts éclectiques de Léger relatifs au 7e Art, avec la projection d’œuvres chères à son cœur (La Roue d’Abel Gance) ; Léger, objet de cinéma et enfin Léger, acteur se glissant dans la peau d’un personnage. L’artiste voyait dans le cinéma un miroir tendu à sa création, le reflet de sa propre peinture : un art figuratif, dynamique, social, populaire, collectif. Il était émerveillé par la seule «raison d’être du cinéma», la magie de «l’image projetée».
Plus qu’un simple amateur de films, Léger était un cinéaste, qui a procédé à l’élaboration d’une poétique du film. Elle se fonde sur la prise en compte des réalités matérielles de la machine-cinéma (pellicule, appareil, projection, transparence, cadrage, angle, montage). Indubitablement, ses ouvrages picturaux s’inspirent donc du contexte cinématographique de l’époque, notamment du cinéma muet et de la figure iconique de Charlot. Il entreprend alors des travaux collectifs aux côtés de Man Ray, Dudley Murphy et Georges Antheil : c’est la collision entre les arts, donnant lieu à des œuvres hybrides et uniques. Le cinéma faisant partie intégrante de l’œuvre de Fernand Léger, le Musée Léger se devait d’y consacrer une exposition, qui alterne affiches picturales et projections concrètes.
Jusqu’au 19 sep, Musée National Fernand Léger, Biot. Rens : musees-nationaux-alpesmaritimes.fr
photo : Ballet mécanique : Kiki de Montparnasse, reflets 1924, photogramme, Centre Pompidou – Musée national d’art moderne – Centre de création industrielle, Paris © Adagp, Paris, 2022 / photo Courtesy Light Cone (Paris) Bruce Posner