L’art de transformer

L’art de transformer

Le paysage est mis à l’honneur cet été grâce à l’Espace de l’Art Concret (eac.) qui propose deux expositions estivales et inédites, de la vidéo à l’installation en passant par le dessin, avec Gilles Clément et Anne-Valérie Gasc.

Le jardinier, paysagiste et botaniste Gilles Clément a été chargé d’imaginer la réhabilitation du parc du château de Mouans-Sartoux. Le projet est d’étendre le jardin afin de le relier à la ville et l’avenue, et ainsi mélanger l’urbain et le végétal. L’exposition qui lui est dédiée met en lumière les dessins et croquis colorés de l’artiste, qui ne sont pas sans rappeler les toiles abstraites de Matisse : les œuvres de Gilles Clément sont concrètes et architecturales. Des photographies et témoignages ponctuent les plans de construction, afin de souligner l’authenticité du projet. L’artiste est célèbre dans le monde entier pour ses jardins et aménagements écologiques et politiques, c’est pourquoi l’eac. met l’accent sur les concepts inventés par le paysagiste, en les plaçant en miroir d’œuvres d’artistes contemporains ayant réfléchi à ces notions. Ainsi assiste-t-on à une confrontation d’idées qui donne du relief au parcours de l’exposition, puisqu’elle rend compte de l’engagement des artistes pour l’environnement. En effet, Gilles Clément a soutenu la primaire écologiste de 2016, et invité leurs membres à s’unir aux projets de la gauche ! Une démarche qui semble porter ses fruits, au regard de l’actualité récente…

Anne-Valérie Gasc, Crash box (vues de l’exposition Decazeville / 2012-08-01 / 11:00:00, commissariat : Alain Julien-Laferrière, CCC, Tours, 2013) ©François Fernandez

En parallèle des travaux du jardinier-activiste, l’eac. présente les projets inédits de l’artiste plasticienne Anne-Valérie Gasc, dont le travail est comparable à celui du chercheur. «Ce qui m’intéresse c’est la puissance de l’art comme transformateur du regard porté sur le monde et, de fait, du monde lui-même», explique-t-elle. Sa création s’appuie, paradoxalement, sur la destruction : on le constate avec le projet Crash Box, une vidéo mettant en scène la démolition de bâtiments, afin de symboliser l’effondrement de nos sociétés. L’artiste cible des stratégies précises de démolition, entre onde de choc, sabotage hydraulique, affaiblissement de structures, embrasement, afin d’interroger les dérives de notre époque. Le projet Vitrifications est une critique en filigrane de la dissolution des bâtiments de l’architecture d’après-guerre, abrogés pour effacer et occulter. Anne-Valérie Gasc dévoile ce qui dérange, de la sorte elle capte tout de suite l’intérêt du spectateur.

Son œuvre contraste, mais complète celle de Gilles Clément, qui relève de l’échafaudage et de la construction ; traduisant ainsi l’ambivalence de nos civilisations, entre effondrement et fabrication.

10 juil au 16 oct, Espace de l’Art Concret, Mouans-Sartoux. Rens : espacedelartconcret.fr

photo Une : Gilles Clément, Etude pour le château de Mouans-Sartoux, 2004. Réalisée dans le cadre d’un projet d’aménagement paysager. François Navarro, paysagiste. Œuvre préparatoire FNAC 05-930 (15 et 16) Centre national des arts plastiques © crédit photo Yves Chenot © droits réservés / Cnap