Vinitzki, la joie de vivre en musique

Vinitzki, la joie de vivre en musique

De l’ombre à la lumière, des ghettos au ghota… L’histoire d’une famille extraordinaire !

De violon en violoncelle, de pogroms en arrestations, la survie, les cachettes, la fuite encore, la traque… La famille Vinitzki, venue du fond de la vaste Russie, joua et déjoua depuis l’époque tragique et noire des rafles, déportations et extermination, mille pièges tendus par le nazisme, la Gestapo, les milices qui l’ont menacé…

Maurice, dernier de la fratrie musicienne, transforme aujourd’hui les horreurs vécues en pages de virtuosité ! Sauvés par la musique, l’ouvrage qu’il publie, à 86 ans, comme un devoir de mémoire, traduit la douloureuse réalité que connue toute sa famille, persécutée, de ses parents au cœur débordant d’amour, à ses frères et sœurs, et le poursuivant lui-même dès sa naissance en 1936 ! Quelle saga, quelle épopée, depuis Elisabethgrad, au Sud-Est de Kiev, en Ukraine – alors URSS – où son grand-père vit le jour en 1860…

Max, leur père, aîné d’une fratrie de sept enfants, joua un grand rôle dans leur survie, depuis les premières persécutions de cette « communauté ethnolinguistique » – 13% de la population juive, devant les polonais et russes. Après avoir tant subi en Pologne, ils n’imaginaient pas que les russes puissent alors être pires…

« La musique a été notre ange gardien, un rempart contre la barbarie ! » Sans la musique, Maurice Vinitzki ne serait certainement plus là. Sans l’Octuor puis le Sextuor Vinitzki, variables selon les naissances ou les aléas de la déportation, sa famille n’aurait pas survécu à cette douloureuse époque qui vit tant de disparitions dans les camps, sous les bombes ou lors d’exil…  « Bien que très jeune alors, j’ai le souvenir d’horreurs, de ma mère qui tremblait à chaque contrôle lorsqu’elle faisait la queue pour obtenir un peu de lait et des restes de je ne sais quoi… »

Le mystère de la musique

« La guerre m’avait interdit l’accès à l’école ainsi qu’au Conservatoire, mais pas à la musique jouée entre nous à domicile, lien indéfectible de toute la famille. En effet, chacun devait travailler chaque jour et pendant de longues heures son instrument, sachant que la perfection passait obligatoirement par cette discipline. » C’était pour Maurice un univers idéal ! Le talent, la joie de vivre de ces musiciens hors du commun leur permirent des amitiés inespérées, jusqu’au mariage de Josseline et Maurice auquel assista le Gotha monégasque. Grâce et Rainier, ses premiers admirateurs, lui dédicacèrent leur photo…

Semé d’embûches, son parcours se poursuit sur une voie quasi royale, et le Niçois qui joue toujours, anime des soirées copains, est toujours sollicité par les grands de ce monde, alors qu’exilé aux States, Michel Polnareff, son cousin, compose loin de la France…

Maurice a résisté sur la Côte dont l’Azur ne lui offrit que des amis, « réparant » son départ sur un caillouteux et périlleux chemin semé des mille embuches et pièges qu’il lui fallut déjouer. Aujourd’hui, Maurice arpente le velours pavé de têtes couronnées du Rocher monégasque… Exilé, banni, traqué, mais protégé par sa bonne étoile, il connut Rostropovitch, Ivry Gitlis, et les plus grands musiciens du monde avec qui il partagea coups d’archet et amitiés indéfectibles…

Publiée en juin chez Atmosphère, l’histoire de cette saga familiale, que le conteur narre sous la plume de Christian Zerry, se lit comme un polar : une aventure extraordinaire, haletante et passionnante ponctuée de notes d’une musique si joyeuse, si entraînante ! Un merveilleux condensé de vie intense !

Sauvés par la musique !, Maurice Vintizki et Christian Zerry (Atmosphère)

Photo: La fratrie musicienne (à droite, Maurice, le plus jeune au violoncelle) © Claudie Kibler-Andreotti, repro Maurice Vinitzki