(LA)HORDE déferle sur la Croisette

(LA)HORDE déferle sur la Croisette

Pendant que vous vous dorez la pilule sous un soleil mexicain, 26 interprètes — 7 jumpers, 4 cascadeurs, 10 performeurs, un DJ — réunis autour du collectif (LA)HORDE, qui dirige le CNN-Ballet national de Marseille, sont en train de s’échauffer dru pour vous balancer dans la rétine le spectacle We Should Never Have Walked Alone, les 28 et 29 juillet prochains à Cannes.

Le Palais des Festivals se verra infiltré dans les moindres recoins entre marches du Palais, Grand Auditorium, sous-sols et salon des Ambassadeurs, par tout ce joli groupe d’artistes survoltés, prêts à en découdre pour une performance nouvelle génération. Le dernier projet chorégraphique de la troupe phocéenne se présentera sous la forme d’une exposition qui se veut totale, animée et dansée par un collectif qui depuis des mois travaille d’arrache-pied sur ce concept d’un genre nouveau qui vise à englober en une seule et même performance, danse, cinéma et art contemporain. À La Strada, tout le monde s’accorde à dire que ça va dépoter ! On vous explique.

Tout est parti, en 2021, d’une rencontre entre (LA)HORDE et Patricia Ward qui n’est autre que la veuve du bondissant danseur-acteur Gene Kelly, celui qui sautait allègrement dans les flaques d’eau tout en Singin’ in the Rain. Rencontre au cours de laquelle, forcément, Patricia évoquera son mythique défunt mari qui se disait désolé que les premiers visiteurs de la lune se soient prosaïquement contentés de marcher au lieu d’esquisser quelques pas de danse aériens sur la lune, en apesanteur. Et c’est en croisant l’astronaute Buzz Aldrin au détour d’une soirée hollywoodienne que ce bon vieux Gene aurait marmonné « We should never have walked alone« , phrase que reprendra (LA) HORDE pour en faire le titre de son spectacle. Il avait raison, c’eut été autrement plus classe mais seul un danseur pouvait y penser !

Toujours est-il que cette conversation a semé quelques graines dans l’imaginaire fertile des 3 artistes fondateurs, Marine Dutti, Jonathan Debrouwer et Arthur Harel, du collectif (LA)HORDE fondé en 2013, et à la direction du CNN-Ballet national de Marseille depuis septembre 2019. « La danse est au cœur de notre travail, et autour d’elle, nous développons des pièces chorégraphiques, des films, des performances et des installations. Nous avons construit un travail protéiforme qui s’enrichit constamment« , expliquent-ils. Le collectif se positionne franchement hors de tout classement esthétique, allant jusqu’à s’offrir le luxe de faire appel pour leurs créations à des personnes ou communautés « qui portent dans leurs corps des révoltes puissantes« . Celles que la société a effacé des radars parce que décrétées plus en âge pour ça, en situation de handicap, ou encore des personnes dénichées en écumant Internet. Et ce trio de trentenaires de revendiquer avec véhémence l’idée de la diversité dans l’univers de la danse : « Il est peut-être bien-pensant de vouloir qu’un ballet soit plus égalitaire, plus diversifié. Mais on l’assume complètement. » Spectacle après spectacle, les 3 amis asseyent leur vision esthétique d’une danse post-Internet résolument tournée vers Demain. Au sein du ballet, 16 danseurs de nationalités différentes se côtoient. La diversité, encore, et enfoncer le clou de cette notion qui à leurs yeux n’est pas qu’un simple terme à la mode repris en boucle dans tous les médias, mais l’expression d’une conviction philosophique politique et sociale, pleinement réfléchie.

Pour la performance We Should Never Have Walked Alone on the Moon, les artistes de (LA)HORDE sont allés chercher leur matière artistique du côté des films d’actions et des comédies musicales. Ces dernières excellent à mettre en mouvements les scènes en les enveloppant de chant ou de danse pour mieux faire passer le message politique sous-jacent qui les anime. A contrario, l’intensité outrée de la violence physique et des cascades scénarisées dans les films d’action relègue la nécessité de s’expliquer avec des mots au second plan, voire réduit leurs acteurs au silence.

Au cours de cette expérience-exposition « cinématographiée » inédite, le visiteur évoluera au cœur de We Should Never Have Walked Alone on the Moon, et déambulera où ça lui chante, au gré de sa curiosité et de son envie immédiate, intégrant ainsi le scénario mis en place pour en devenir alors, l’actrice ou l’acteur… Lumière, on tourne ! Moteur ! Action !… On danse !

28 & 29 juil 21h, Palais des Festivals, Cannes. Rens : palaisdesfestivals.com

photo : (LA)HORDE © Aude Arago