25 Juil Une histoire de transmission
Les Rencontres Internationales de Musique Médiévale sont mortes, vive les Musicales de l’Abbaye du Thoronet !
Depuis 2020, l’Abbaye du Thoronet, internationalement réputée pour son acoustique, est orpheline des Rencontres Internationales de Musique Médiévale du Thoronet. Après plus de trois décennies de réjouissances, tant musicales qu’humaines (ah, les « afters » sur la place du village avec les musiciens !), les vicissitudes de l’existence d’un événement si singulier ont sonné la fin d’une aventure qui m’aura personnellement marqué d’un point de vue professionnel et culturel. C’est donc avec un certain enthousiasme que j’ai appris le lancement d’un nouveau festival au cœur de cette magnifique enceinte cistercienne, du 4 août au 8 octobre 2022.
Comme un symbole, c’est avec La jeune fille et la mort, quatuor à cordes le plus connu de Schubert, formidable « berceuse à la mort accueillante », que débuteront les 1e Musicales de l’Abbaye du Thoronet. La « mort consolatrice » était en effet un thème constant chez le compositeur emblématique de la musique romantique allemande, reconnu comme le maître incontesté du lied. Une bien belle façon de dire définitivement adieu aux Rencontres de Musiques Médiévales et bienvenue à ces Musicales de l’Abbaye, en compagnie du Quatuor Varèse. Deux jours plus tard, c’est en extérieur que le comédien Lambert Wilson déclamera une sélection de poèmes d’Alphonse de Lamartine sur des partitions mystiques de Liszt interprétées par le pianiste Roger Murano.
Habitué des lieux, l’ensemble varois Les Voix Animées, dirigé par Luc Coadou, prendra le relais lors de 3 concerts a capella en hommage à deux compositeurs majeurs de la Renaissance italienne, maîtres dans l’art du contrepoint : le 13 août, avec le programme Canticum Canticorum, consacré à Giovanni Pierluigi da Palestrina, puis les 3 et 4 septembre, avec Sancta Barbara, dédié à Giaches de Wert. Leurs figures tutélaires inspireront une génération de musiciens et participeront à la métamorphose du renaissant « stile antico » en un baroque « stile nuovo ». Deux programmes complétés par la création d’un motet d’Anne Mirou (commande des Voix Animées pour l’Abbaye du Thoronet).
Enfin, la Maîtrise Notre-Dame de Paris, sous la direction de Marcel Pérès, conclura cette 1e édition le 8 octobre prochain, avec le programme L’école de chant de la cathédrale Notre-Dame de Paris XIIe- XIIIe siècles ou comment l’édification de cathédrales sonores présida à la réalisation de cathédrales de pierre ! Un intitulé des plus sobre pour souligner l’importance cruciale de l’école de chant de la cathédrale Notre-Dame de Paris dans la constitution de notre civilisation. À l’instar de la prestigieuse Schola Cantorum, fondée en 1933 à Bâle, qui forme aujourd’hui des chanteurs et musiciens à « l’interprétation historiquement informée de la musique ancienne », elle fut pendant près de deux siècles le centre d’intenses spéculations sur la nature de la musique, ses composantes sonores, leur déploiement dans le temps, et participa à l’élaboration d’une notation musicale essentielle à la transmission. Au fond, la vie comme la musique n’est-elle pas une histoire de transmission ?
4 aou au 8 oct, Abbaye du Thoronet. Rens: le-thoronet.fr
photo : Maîtrise Notre-Dame de Paris © Léonard de Serres