26 Juil Autopromo lumineuse
Mono-Tone Records est un petit joyau de l’édition azuréenne. Didier Balducci, esthète, dandy et guitariste, a lancé ce label musical avec lequel il édite des vinyles de groupes mythiques et de potes. Mono-Tone Records est devenu aussi une structure d’édition remarquable, Mono-Tone Éditions, avec laquelle il publie ses propres bouquins insolents, ironiques et surprenants, et ceux, d’auteurs tout aussi atypiques. Le dernier opus vient de paraître et nous conte le Cinéma parallèle, notion que Baldu décline avec un talent fou. Nous n’avons pu résister à l’envie de vous faire découvrir sa verve pour une autopromo loin d’être… monotone !
« Pourquoi ce titre a priori absurde ? Bien d’autres sembleraient plus adaptés, certes, mais à la réflexion… Cinéma bis, cela laisserait sous-entendre qu’il viendrait après le vrai cinéma, qu’il en serait le parent pauvre, assis en bout de table et mangeant les miettes, les reliefs du repas laissés par ses ascendants plus fortunés et plus prestigieux. Cinéma marginal alors, restant dans l’ombre, dans quelque allée sombre et mal fréquentée pendant que son riche cousin foulerait, lui, les tapis rouges, un cinéma réduit à jouer un rôle accessoire, secondaire, à n’être que des notes en bas de pages de l’histoire officielle, de vagues notules ? Non plus. Cinéma déviant ? Dans son sens premier, « qui s’écarte de la règle, de la norme« , bien sûr. Ce serait même la plus belle des définitions, un label plus prestigieux que mille sélections pour les Césars ou le Festival de Cannes. Mais mal interprété, le terme pourrait évoquer un cinéma qui aurait dévié de la bonne route, qui se serait éloigné de l’idée de départ et se serait un peu perdu, alors que c’est bien évidemment l’autre cinéma, l’académique et officiel, qui s’en est écarté, et lui qui est resté fidèle à cette merveilleuse idée originelle.
Pourquoi pas Cinéma parallèle, alors, bien que son chemin croise parfois celui du cinéma classique, une rare exception aux stricts principes du parallélisme dans la géométrie euclidienne. Car après tout, le cinéma n’a pas grand-chose à voir avec les mathématiques même si beaucoup de ceux qui en font semblent plus passionnés par les chiffres (ceux du budget, celui des recettes) que par les belles lettres (et même par les images). Ce livre n’abordant que le cinéma de poètes, de rêveurs, d’illuminés, possédés et de fous furieux, et non celui de comptables, ce titre en vaut bien un autre, même s’il est certainement moins attirant que ceux abordés dans certains chapitres (je pense en particulier à Super Nichons contre Maffia, à Cette nuit, je m’incarnerai dans ton cadavre ou à On a sauvé le cerveau d’Hitler qui, je n’en doute pas, auraient poussé plus d’un lecteur curieux à prendre cet ouvrage sur la table d’une librairie et le feuilleter discrètement, mais d’un œil avide). Va pour Cinéma parallèle, donc. »
Didier Balducci vit et ne travaille pas à Nice (ni ailleurs). Il passe la plupart de son temps chez lui. Il sortait tout de même assez régulièrement de son lit pour se rendre aux convocations de Pôle Emploi puis du RSA, mais s’est fait récemment radier de l’un et virer de l’autre, triste fin pour une belle et longue histoire d’amour… Du coup, il a encore plus de temps libre pour trainer au lit, caresser son chat, faire des collages avec des revues de propagande maoïstes ou des sculptures d’Elvis en pâte à modeler, ne se levant que pour manger des gnocchis au beurre de sauge, jouer au flipper ou de la guitare fuzz avec les Dum Dum Boys, XYZ, The Landscape Tape ou Memphis Electronic, produire des disques sur son label Mono-Tone Records, écrire des livres d’anthropologie de proximité, et faire à l’occasion le DJ sous le ridicule sobriquet de Memphis Mao.
L’objectif de toute sa vie – toucher le Minimum Vieillesse – se rapproche un peu plus chaque jour. Il a un chat, une copine, des centaines de livres, des milliers de disques, une belle collection de cerveaux en plastique, plus Mondo Trasho et Multiple Maniacs en VHS. Il a pardonné à Pôle Emploi sa trahison et au RSA la brièveté de leur liaison. Il est heureux…
Cinéma parallèle, Didier Balducci (Mono-Tone Editions). Rens: FB DisquesMonotone