L’amour à mort

L’amour à mort

L’ouvrage dont nous parlons ici est sorti il y a plusieurs mois, mais il est un des plus importants pour la poésie et l’esprit créatif de notre région. En effet Marie-Claude Grail fut une auteure de théâtre, mais aussi une poétesse extraordinaire.

Marie-Claude Grail écrivait d’ailleurs : « La création est une charge et une décharge de tension, comme l’amour. Ce que nous partageons est une forme d’amour, du plus dangereux amour qui soit. (…) À un certain de gré d’intensité, cette vibration met en danger (de folie, de mort même) celui qui la ressent toute. » Marie-Claude sera de ceux-là, rajoute Alain Freixe.

Ils étaient quelques-uns à Nice dans le début des années 60 à peindre, dessiner, écrire… Marie-Claude Grail était de ces amis-là, aux côtés de Daniel Biga ou Ernest Pignon-Ernest, qui tentaient d’essorer l’obscurité des temps. Ces jeunes gens s’aimaient et aimaient. L’amitié les portait, celle exigeante de la création. Marie-Claude écrivait pour le théâtre. Ses poèmes furent publiés dans Les Temps Modernes, la revue de Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir dont elle devint l’amie.

Cinquante ans plus tard, Ernest Pignon-Ernest retrouva les cendres éblouies de nombreux poèmes et correspondances qui tous disent la liberté et la difficulté d’aimer quand c’est l’amour que l’on aime… C’est à son initiative, que cet opus, intitulé J’ai senti ton absence exacte au rendez-vous, est paru. Il encadre d’ailleurs, avec ses superbes croquis et dessins, les textes de cet ouvrage publié aux excellentes éditions L’Amourier, qui suit poétiquement la trajectoire et les pas de Marie-Claude Grail. L’hommage est collectif : son ami Daniel Biga offre un poème d’introduction, de même qu’Alain Freixe qui a écrit la préface et la postface intitulée Seize coups d’aile pour Marie-Claude Grail aux prises avec l’absolu qui, grâce aux poèmes de Marie-Claude, redonne vie avec une fraîcheur exceptionnelle à cette jeunesse qui aimait l’amour à mort, et qui continuera longtemps, du moins nous l’espérons…

Ah ! laissez-nous, allez ! – Le Festin bruisse comme un boisseau de mouches,
d’oiseaux égorgés : laissez-moi.
Laissez-nous, la Fête, pour nous, commence !
Je t’atteins. Tu m’attends. Tu m’as toujours attendue. Nous avons tout le temps.
J’ai bien failli mourir, là ; au coeur de la Danse.
(extrait)

J’ai senti ton absence exacte au rendez-vous, Marie-Claude Grail, Ernest Pignon-Ernest, Daniel Biga, Alain Freixe (Editions L’Amourier)