Minou, Minou !

Minou, Minou !

À Monaco, depuis le 6 juillet et sous l’œil bienveillant de Philippe Geluck, leur illustre dessinateur de père, une massive et drolatique cohorte itinérante de 20 chats a posé armes et bagages sur la Promenade du Larvotto pour y devenir, provisoirement, résidents monégasques.

Avant cette étape, il y a eu des millions de curieux à Paris, sur les Champs-Élysées, ensuite à Bordeaux sur les bords de la Garonne, puis une autre halte à Caen, pour reprendre la route vers Genève. Et voici donc nos gros matous – sculptures monumentales en bronze de 2,7 mètres de haut et pesant chacune 2,5 tonnes, toutes patinées en vert réséda à l’oxyde de cuivre « en référence historique que nous croisons dans toutes les villes du monde« , précise l’artiste – en Principauté monégasque. Comment et pourquoi en 2018, l’idée d’une exposition monumentale a-t-elle germé dans la tête du créateur du Chat ? On vous dit tout.

22 mars 1983, première apparition du Chat dans le quotidien belge Le Soir, une institution. Réactions houleuses chez les lecteurs et dans la première lettre anonyme qu’il reçoit, un lecteur écrit à Philippe Geluck : « Votre ours ne me fait pas rire ». On connait la suite. 24 albums du Chat, première parution en 1986, ont été depuis publiés chez Casterman.

Avant de se retrouver dans la peau d’un sculpteur, notre artiste s’est livré à plein d’autres activités : humoriste, comédien, chroniqueur chez Michel Drucker et Laurent Ruquier, mais « aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours aimé la sculpture », explique Geluck (très important, prononcer Gueuluck, autrement ça l’énerve) dans la préface de la deuxième édition de son album-catalogue Le chat déambule, toujours chez Casterman. « Il y a d’abord une idée et un croquis« , et un ami sculpteur, François Debouck, qui, fan du travail de Geluck et de son Chat, en avait sorti un buste et passe le voir un soir en 1987 pour le lui montrer. « C’est magnifiquement réalisé, mais c’est pas le Chat« . Debouck lui dit alors : « Il y a que toi… » à pouvoir le faire. Une semaine plus tard, Geluck passe le voir à son atelier et se retrouve avec une boule de la terre glaise à façonner. Un quart d’heure plus tard, Geluck donne naissance à quelque chose et Debouck lui dit : « Tu es un sculpteur« .

Pour en savoir plus sur cette exposition et sa genèse, sachez qu’il existe une application gratuite téléchargeable via un QR code qui fait office de guide de manière très ludique, et qui raconte comment les dessins du Chat sont devenus ces imposants personnages tout en rondeur dignes des plus beaux Botero… L’humour belge en plus. Dépêchez- vous d’aller voir la parade des sculptures chats de Geluck, chacun incarnant un scénario. Ce n’est pas demain la veille que vous aurez l’occasion de voir un dessinateur belge couler des bronzes en 3D à Monaco ! Car toutes les statues, déjà vendues, rejoindront des collections privées. Lui qui s’était amusé à détourner une photo de Pétain sur laquelle, tenant un tissu entre les mains, il lui avait rajouté une étoffe avec du fil, une aiguille, et qu’il avait titrée : « Pétain coud« … Avec Le Chat déambule, Philippe Geluck, nous démontre que, art et humour (belge) sont capables de faire bon et joyeux ménage.

6 juil au 2 oct, Promenade du Larvotto, Monaco. Rens: FB dir.affaires.culturelles.mc, lechat.com

photo : vue de l’exposition Le chat déambule © Elise Lefebvre