27 Juil Puget-Théniers, l’art de faire ensemble
La petite ville de Puget-Théniers (06) est une nouvelle fois à l’honneur cet été ! Un parcours street art est en cours de réalisation avec la participation des habitants. Un projet débuté en 2021, prolongé en juillet 2022, et qui doit s’étendre encore sur plusieurs années.
De nos jours, Le street art est partout et les talents ne manquent pas pour habiller les murs de nos villes. On imagine que les gens apprécient ces ornements urbains, la couleur est sans conteste préférable au gris du béton, cela rend les villes moins tristes, et tant mieux. Mais si ces projets sont dans l’ensemble salués, posez la question à un habitant du quartier sur le pourquoi et le comment de l’affaire, et là il se peut sans doute, que vous ressentiez une petite hésitation… Souvent ces mêmes personnes se réveillent un matin avec une œuvre sous le nez. Alors, comment s’approprier un élément nouveau dans le décor urbain ? Pas évident, lorsque l’on ne se sent pas nécessairement concerné. C’est là, c’est fait, un point c’est tout…
C’est en partant de ce constat que l’association Phenix Lab s’est constituée pour conduire des projets street art participatifs ; à savoir dans une démarche qui inclut de bout en bout les communautés concernées, de la réflexion sur la thématique jusqu’à la réalisation de l’œuvre. Quand cela est possible, les habitants sont invités à peindre des murs avec les artistes. Le cas échéant, des ateliers pédagogiques sont organisés sur des panneaux ou d’autres supports, toujours en lien avec les artistes et leurs œuvres.
C’est L’Art de faire ensemble, slogan de Phenix Lab, cette volonté de faire à plusieurs, de créer du lien pour donner sens à tout ça. L’association cherche à élaborer un projet avec des fondements solides, une histoire inspirée du contexte, quelque chose que les gens vont s’approprier d’une manière ou d’une autre, et qui pourra résonner dans le temps.
Cette démarche a convaincu l’équipe municipale de Puget-Théniers : valoriser le village par le biais du street art, tout en incluant la participation des habitants, la volonté des élus étant d’offrir et de promouvoir une diversité artistique et culturelle au cœur du territoire. Il ne s’agissait pas de réaliser de grands panneaux publicitaires pour dire au touriste que tout est super à Puget-Théniers. Non, il fallait être plus subtil que ça… Alors, pour la 2e année consécutive et en concertation avec l’association Phenix Lab, un dispositif street art participatif a été imaginé, et durant le Jeun’Arts Festival, allaient se dérouler trois animations.
D’abord la décoration d’un mur de la SDA, en bord de route, par l’artiste Pleks. Une consultation citoyenne a permis de dégager des éléments à valoriser, que Pleks a intégrés de manière cohérente et imaginative. L’œuvre habilement nommée Commune Art est imprégnée du souvenir de Louis-Auguste Blanqui, célèbre personnage originaire du village maralpin. Elle rappelle aussi l’histoire des pénitents blancs et le patrimoine du Puget-Théniers, tout en évoquant le plaisir des activités nature dans l’arrière-pays.
La deuxième animation s’est passée dans la cour de l’école primaire, sur les hauteurs du village, plein sud. L’artiste Perrine Honoré a réalisé une gigantesque murale (65m de long) en collaboration avec les élèves et les enseignants. A ce propos, nous avons interrogé Delphine Catteau, directrice de l’école (voir encadré ci-dessous).
La Strada : De quelle manière l’école s’est-elle impliquée dans ce projet, quelles ont été les grandes étapes de votre participation ?
Delphine Catteau : L’association Phenix Lab nous a mis en relation avec Perrine Honoré et nous avons établi un premier contact en visio. Ensuite, nous avons découvert son univers graphique, sa démarche, sa technique. Nous avons réalisé des travaux graphiques avec les enfants en nous inspirant de tout ça. Quelle productivité ! Ils ont été tellement inspirés ! Puis Perrine est venue nous rencontrer à l’école plusieurs mois durant avant la réalisation de la murale. Les élèves ont adoré, ce fut l’occasion de montrer le travail accompli et de renforcer le lien avec l’artiste. Perrine est repartie avec des dessins et collages, elle a agencé tout ce matériau et ça a donné le dessin final qui allait être reproduit sur le mur de l’école. Là aussi les élèves ont participé. Toutes les classes, par petits groupes, sont venues peindre sur le mur, ça les a drôlement motivés !
En quoi ce type de projets Street art participatifs peut-il s’intégrer dans le PEAC (Parcours d’Éducation Artistique et Culturelle) instauré par le ministère de l’Éducation Nationale ? Les élèves ont pu découvrir le Street art et acquérir de nouvelles connaissances artistiques. Ils ont rencontré un artiste et ont réalisé un travail en amont sur ses œuvres. Ce projet s’intègre donc parfaitement au PEAC dont les trois objectifs pédagogiques sont les suivants : développer la création artistique des élèves, apprendre et comprendre la démarche artistique, s’investir dans un projet collectif et collaboratif.
Cela peut-il influer sur la vie de l’école ? Comment va-t-il résonner dans le temps ? Avec ce projet, les élèves et enseignants ont pu s’approprier leur lieu de vie et le mettre en valeur. Cette œuvre collective nous a rassemblés, chacun a pu y laisser sa trace. Au quotidien nous aurons devant les yeux un dessin qui égaie largement notre école, mais surtout un très joli souvenir de cette aventure. La cour a désormais une histoire singulière qui donne envie d’y évoluer. D’ailleurs, pourquoi pas réfléchir à y organiser d’autres manifestations, hors école, tout au long de l’année ?
Les parents d’élèves sont tellement fiers de ce projet, ça pourrait être sympa… À suivre !
Enfin, un troisième dispositif est venu se greffer à la réalisation des deux murales, des ateliers pédagogiques nommés les Lab’Zones. Un peu partout dans le village ont été installés des panneaux sur lesquels différents publics ont été invités à peindre, notamment les jeunes du centre de loisirs, le club des aînés, les résidents de l’hôpital, mais aussi les habitants sur inscription, bref, tout le monde aura mis la main à la patte. Sur certains panneaux ont été reproduits au pinceau des portions de la murale de Perrine Honoré, sur d’autres ont été peints des graffitis old school à la bombe. Tout ça s’est fait dans une bonne énergie et a donné lieu sur le terrain à des rencontres émouvantes, des discussions passionnantes quant aux ressentis de chacun, l’histoire du village et des gens, la nature, la qualité de vie, les projets, l’avenir…
Renseignements : phenixlab.fr. Lien Instagram de l’artiste Pleks. Lien Instagram de l’artiste Perrine Honoré