Volutes de Jazz à Ramatuelle

Volutes de Jazz à Ramatuelle

Dans un cadre enchanteur, une programmation intelligente et plutôt originale ! Jazz à Ramatuelle est un très joli festival qui connait ses gammes sur le bout des notes.

Des vignerons locaux partenaires, de beaux portraits de jazz exposés sur les murs, Couleurs du jazz, une scène off pour des musiciens en devenir qui représentent la vivacité de la scène régionale, et des artistes renommés qui se succèderont au Théâtre de Verdure du 16 au 20 août… En cinq jours, on a donc un beau précipité de ce qu’on joue dans le jazz d’aujourd’hui, voluptueusement lové dans une tradition renouvelée : des musiciens français, mais aussi ceux que la scène française a su attirer, comme Étienne Mbappé, bassiste d’origine camerounaise, incarnation vivante du groove à lui tout seul, et l’un des inventeurs du jazz métissé. Un clin d’oeil aux Antilles avec le all stars band afro-Caribéens Big In Jazz Collective, où figurent le magnifique Haïtien Jowee Omicil qui avec son sax amène une touche très particulière, ou Sonny Troupé, héritier du tambour Ka traditionnel qui dès l’adolescence s’est frotté à toutes les nuances de la batterie.

Francesco Bearzatti oscille entre la France et son pays depuis 20 ans, et porte en lui toute la séduction italienne : un saxophone, plein d’énergie mais au « regard » de velours, parfois relayé par une clarinette douce comme une caresse. Le Zorro qu’il veut défendre dans ce nouveau répertoire, le vengeur masqué qui fait tourner les têtes, est très significatif de son charme insaisissable !

On retrouvera aussi de jeunes voix, comme celle de Cecil L. Recchia qui s’est fait remarquer avec des standards du hard bop, en reprenant ou inventant des paroles sur ces airs des années Blue Note. Ça swing et ça danse dans le sillage des Jazz Messengers ou de Lee Morgan, grâce aux arrangements de son batteur, David Grebil, et surtout de son jeune pianiste, Noé Huchard, terriblement inventif et 

virevoltant. Sans oublier les frères Belmondo – Stéphane à la trompette, Lionel au saxophone – qui renouvellent une transe plus « coltranienne », avec cette complicité qui n’existe que dans les familles, lorsque l’on joue ensemble depuis l’enfance ; ou encore Gauthier Toux, l’un des plus intéressants parmi les jeunes pianistes émergents.

Ne manquez pas Émile Parisien, encore une des nombreuses pépites de Ramatuelle, avec son nouveau projet, Louise. Celui qui s’est notamment fait connaitre grâce à son duo avec l’accordéon de Vincent Peirani a monté cette année un sextet où il intègre trois musiciens américains. Un pas de plus pour ce styliste qui a totalement renouvelé la pratique du saxophone soprano, qu’il joue toujours comme un escrimeur, en se penchant en avant pour mieux projeter sa phrase : une abeille de cuivre chaud identifiable à la première croche.

16 au 20 août, Théâtre de Verdure, Ramatuelle. Rens : jazzaramatuelle.com
Big in Jazz Collectiv © Guillaume Saix