Espace A VENDRE, un very good trip

Espace A VENDRE, un very good trip

Avec Thierry Lagalla et Maxime Duveau, la saison commence fort à l’Espace A VENDRE à Nice. Ces deux artistes sont attendus pour « corriger » une période où le délirium est vraiment trop mince !

Lorsque les peintres arrivèrent sur place, il était déjà trop tard

Comme l’a écrit avec beaucoup d’humour et d’à-propos la designer Sophie Toulouse, Thierry Lagalla « pratique un art qui s’amuse des contraintes et qui tord les contraires ; nous offre un monde poétique, burlesque, graphique, peuplé d’oxymores, d’apories eschatologiques (si si !), de figuration conceptuelle et de tartes à la crème. Maître du Quasi, Thierry Lagalla est l’artiste exactement juste à côté, pas n’importe où« . C’est dans le Château, au cœur de l’Espace A VENDRE, qu’il exposera, en espérant qu’il nous offre une de ses performances à mi-chemin entre la logorrhée délirante et l’hypnose collective. Cet artiste parvient à faire pénétrer le public dans un monde qui respecte un code onirique où se lient des éléments selon une logique qui lui est propre, mais qui mène celui qui accepte de le suivre à un « état d’apesanteur »…

Voilà aussi où mène son œuvre, elle déplace, elle nie la gravité et les postures « empruntées » des bobos un peu coincés du bassin… Sa manière de lier souvenirs, psychanalyse, philosophie et brèves de comptoir, avec cet accent du Sud, donne cet art unique, cette poésie aussi libre que celle des surréalistes. Dans une période où beaucoup de créateurs pourraient être taxés de « pompiers », voire de soumis à la vindicte stérile d’un certain art contemporain français propre sur lui et très – ou trop – réservé, Lagalla ose dérailler, déraper, créer l’accident d’où sort le lapsus libérateur, qui gomme la gravité pour ne garder que l’émotion libérée.

Maxime Duveau, Glaises House (détail), 2022, Cyanotype, Sérigraphie et crayons sur papier, 76cm x 56cm

Carambolage à l’ouverture de la pétanque cosmique !

Maxime Duveau, qui exposera dans la galerie et le showroom, poursuit pour sa part sa démarche « cosmique » autour des USA, en puisant dans des clichés d’une Amérique des sixties fantasmée. « Polarisée entre réalité et fiction, une mythologie personnelle anachronique est tramée de ces recherches photographiques liminaires« , indique Anne Favier, maîtresse de conférences en sciences de l’art. L’artiste avait déjà écrit un polar, RingoleV.io Cosmique, sur ce pays qu’il a visité et qui l’a fasciné. Il s’agit d’un regard sur l’Amérique filtré par les influences culturelles qui nous parviennent : les mythes des gangs, des détectives privés, des contre-cultures… Une fascination nourrie également par la violence et les extrêmes inégalités sociales des États-Unis.

C’est lors d’un road trip initiatique en Californie que son archivage a commencé et il s’est poursuivi dernièrement à Conflans-Sainte-Honorine d’où il est originaire. L.A. regarding Conflans-Sainte-Honorine, remarque ainsi l’artiste : « Les palmiers de Los Angeles viennent-ils vraiment de Los Angeles ? Plus le temps passe et plus je me pose la question. Tout en me demandant si Tarantino n’aurait pas pu tourner sa scène de hold-up dans Pulp Fiction au Jaune Orange au bout de la rue Piéplu plutôt que dans un diner du Sunset« . On le connaissait comme explorateur de différentes techniques aussi bien picturales que photographiques, mais toujours en noir et blanc… Le voilà revenu avec une exposition où il ouvre de manière inédite ses recherches graphiques à l’expérimentation chromatique.

3 sep au 15 oct, Espace A VENDRE, Nice. Rens: espace-avendre.com

photo Une : Thierry Lagalla, Mortadella pintura, 2007. Sérigraphie sur Arches BFK Rives, 80 x 60 cm. 55 exemplaires. Urbis Pictus éd.