04 Oct Heureux, qui comme Ulysse…
Les professionnels du tourisme se frottent les mains, car la Côte d’Azur a retrouvé un taux de fréquentation égal à 2019, grâce au retour massif des clients venus du monde entier profiter de la beauté des paysages de notre région et dudit art de vivre à la française ! Et si vous rendiez la pareille en allant voir ce qui se passe du côté de chez eux, mais juste à deux pas de vous, à Carros, pour la 16e édition du joliment nommé Cinéalma, sous-titré L’âme de la méditerranée ?
Du 14 au 23 octobre, bien calé.e dans un fauteuil, vous aurez la possibilité de vous évader tout autour de la Méditerranée en découvrant— si vous avez l’âme très voyageuse et très cinéphile — les 40 films finement sélectionnés par l’association Cinéactions qui s’est chargée de la programmation du festival. Petit aperçu.
Certains de ces films ont déjà été couronnés à l’étranger, dans d’autres festivals. Ainsi, La Ruche de Blerta Basholli (Kosovo) ou l’histoire de Fahrije restée seule après la disparition de son mari depuis la guerre, et aux prises avec les hommes de son village qui n’acceptent pas de la voir s’émanciper par le travail de leur tutelle antédiluvienne. Le film a été récompensé aux festivals de Sundance, Montpellier, Varsovie, Les Arcs… De même avec, Harka de Lotfy Nathan, présenté en avant-première. Dans cette production franco-tunisienne, le jeune Ali – interprété par Adam Bessa, Prix de la meilleure performance dans la sélection Un certain regard 2022 – est brutalement contraint de veiller sur ses sœurs et d’endosser de lourdes responsabilités, qui le plongent dans la rage et le révoltent.
Plus la connaissance de l’autre commence tôt, plus l’acceptation de la différence devient aisée… Cinéalma a donc pensé au jeune public en lui réservant des séances scolaires, dont Le pharaon, le sauvage et la princesse, film d’animation de Michel Ocelot qui, en l’espace de trois contes, le conduit en Égypte ancienne, dans une légende médiévale auvergnate, puis dans des palais turcs pour une fantaisie en costumes ottomans, au XVIIe siècle.
Les femmes — en Palestine avec Huda’s Salon de Hany Abu-Assad, comme en Iran avec Until Tomorrow d’Ali Asgari — luttent pour leurs droits et la liberté à disposer de leur corps. Pendant ce temps, en Israël, le film de Pini Tavger, More than I deserve, suit Pinhas, garçon de 13 ans transplanté avec Tamara sa mère, d’Ukraine à Jérusalem dans un logement trop exigu pour un ado en pleine croissance. Il se confronte alors à toute la difficulté de s’intégrer dans une société qui lui est étrangère en suivant les cours de Shimon voisin ultra religieux, pour préparer sa Bar-Mitzvah et passer le gué symbolique de l’âge adulte. Avec jalousie, il observe l’attirance qui nait peu à peu entre sa mère et Shimon qu’il voit comme le père qu’il n’a pas.
En osant aborder, chacun à sa manière, des faits de société ou des sujets d’actualité éminemment sensibles, ces longs métrages reflètent au plus près les cultures, les senteurs et modes de vie des pays du bassin méditerranéen. À travers ces 40 longs métrages, vous pourrez observer, par-delà tout ce qui nous en démarque, comment vivent, mangent, aiment, rient, pleurent, trahissent, s’entraident, souffrent et se débattent avec l’universelle âpreté de l’existence, ces humains qui nous ressemblent tant. C’est là toute la valeur de Cinéalma qui vous permet d’appréhender la sensuelle richesse de ces mondes que nous pensons connaitre pour nous embarquer vers des contrées pas si lointaines, en faisant tomber par surprise et en douceur, quelques-uns de nos plus absurdes préjugés. L’intégralité de la programmation est à retrouver sur le site cinéalma.fr. Il ne vous reste plus qu’à établir la feuille de route de vos envies… Bon voyage !
14 au 23 oct, Salle Juliette Greco, Carros. Rens: FB FestivalCinealma
photo : Harka de Lotfy Nathan © DR