Allô maman bobo

Allô maman bobo

Entourée de Samuel Benchetrit et Gabor Rassov, Vanessa Paradis, chanteuse et actrice de cinéma depuis son adolescence, joue Maman sur les scènes du Carré Sainte-Maxime, du Grimaldi Forum et d’Anthéa.

Avec cette pièce que le réalisateur, écrivain, scénariste et auteur de théâtre Samuel Benchetrit, son époux à la ville, a écrite pour elle, Vanessa Paradis s’est décidé à franchir les portes du théâtre pour se risquer au redoutable exercice de dire un texte où, contrairement au cinéma, personne ne dit : « Coupez ! On la refait. » Qui est cette Maman ? C’est le nom de l’enseigne d’une boutique de fringues sur laquelle s’ouvre la pièce, et dédiée aux femmes enceintes. C’est aussi Vanessa Paradis, femme sans prénom de 45 ans, qui sort pour descendre la grille du magasin, juchée sur des talons aiguilles et revêtue d’un épais manteau de fourrure synthétique, après sa journée de travail… À l’arrêt sur le trottoir, « la femme » raconte : « Je sortais du travail et j’attendais un taxi… » Voilà que passe et repasse devant elle, un jeune type. « Bonsoir — Bonsoir. — C’est combien ? — Pardon ? — C’est combien ? — Comment ça, c’est combien… C’est rien du tout ! — Ah, excusez-moi, j’ai cru que vous étiez une…— Ben, non. » Malgré l’indélicate erreur du « type », lui aussi sans prénom, un échange lunaire se noue entre ces deux êtres dont on perçoit vite les sillons à vif que la vie a labourés dans leurs âmes désarmées. 

Rentrée chez elle, « la femme » raconte à « l’homme », son gentil mari ahuri, ce qui lui est arrivé et finit par envisager l’idée d’adopter « le type », cet enfant perdu, elle qui n’en a pas. Là est le drame de « la femme », maman d’esprit, mais pas de corps. Ensemble, ils retournent devant le magasin dans l’espoir de revoir « le type ». Mais c’est un autre personnage qui déboule : « le gars ». Lui aussi se méprend en pensant que « la femme » est une prostituée jusqu’à l’arrivée du « type »… Elle lui offre un deal, former une famille pour panser les bleus à l’âme tous les trois. Appellera, appellera pas ? 

De sa plume très personnelle, entre désespoir drolatique et poésie décalée tapie au détour d’une phrase, Samuel Benchetrit joue sa petite musique douce qui nous berce d’espoir et que nous chante avec délicatesse, une Vanessa Paradis, palpitante d’émotion retenue.

14 oct 20h30, Carré Sainte-Maxime. Rens: carre-sainte-maxime.fr / 2 nov 20h, Grimaldi Forum, Monaco. Rens: tpgmonaco.mc & grimaldiforum.com / 17 au 19 nov, Anthéa, Antibes. Rens: anthea-antibes.fr

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