Les façons d’être du pastel

Les façons d’être du pastel

Le Musée Picasso d’Antibes consacre sa grande salle à l’œuvre pastel bariolée du peintre Pierre Skira, du 22 octobre au 8 janvier 2023. Entre tableaux figuratifs de natures mortes, de livres, d’instruments de musique, de vanités et compositions abstraites, Pierre Skira initie un dialogue silencieux des formes et des couleurs les unes avec les autres. « On peut tout faire avec des pastels. Un tout petit trait suffit à faire exploser une couleur« , écrivait Pierre Skira au sujet des nuances claires obscures du rose pâle, du bleu spleenétique, du vert gazon, du jaune soleil… Un jour il décide de ne plus peindre à l’huile et d’utiliser exclusivement du pastel, passant de la toile à l’isorel. « Le tableau est terminé lorsqu’il me surprend : car rien ne doit jamais être acquis. » Une œuvre est donc saisissante puisqu’insaisissable, discontinue, incertaine, partiellement voilée. Une approche presque philosophique de l’art, qui vaut le surnom d’artiste « inactuel au sens nietzschéen« , donné par l’écrivain Patrick Mauriès à notre coloriste. L’œuvre de Pierre Skira est traversée par des ruptures, il louvoie entre abstraction gestuelle, œuvres figuratives, gravures et pastels. Il compose notamment les couvertures des romans de Pascal Quignard. L’exposition rend compte de toutes les possibilités d’exploiter le pastel, entre figuration appliquée et abstraction mélancolique ; la couleur peut aussi représenter la noirceur et les passions tristes, les tourments du corps et de l’âme. Pierre Skira mélange les tons les plus doux aux émotions noires et crues, dans un jeu de contraste et d’opacité. Il s’agit de restituer sans masque l’effroyable brutalité du réel. L’artiste puise son inspiration dans son entourage composé surtout d’intellectuels, de nombreux artistes et écrivains : Todorov, le couple Baumgartner, Jean Clair, Jérôme de Staël… Qu’importe la couleur de l’isorel, chacune des œuvres est dotée d’une luminosité extraordinaire : Les Bleus notamment irradient. Face à ces tableaux paisibles et intenses, on ressent un certain réconfort comme lorsqu’on aperçoit la lumière au bout du tunnel. 22 oct au 8 jan, Musée Picasso, Antibes. 

Rens: antibes-juanlespins.com