
02 Nov Bêtes de scènes pour l’éveil des consciences
Les animaux ont toujours inspiré les créateurs, en particulier les chorégraphes. Preuve en est une nouvelle fois, avec les spectacles Le Carnaval des animaux, présenté à Mandelieu, et Légende, à Cannes, autour de la notion de biodiversité.
Du plus classique des ballets (Le Lac des Cygnes de Marius Petipa) aux plus contemporaines des créations (Extinction Room – Hopeless de Sergiu Matis), les animaux ont de tout temps été sujets ou objets de nombreuses œuvres chorégraphiques, qu’elles s’adressent au jeune public ou aux plus grands… L’immense Martha Graham, pour ne citer qu’elle, a particulièrement exploré les champs ouverts par la métaphore animale. Dans son ouvrage Mémoire de la danse, elle indiquait notamment passer de longues heures au zoo, et disait éprouver un sentiment étrange dans ce « contact avec quelque chose de vivant qui n’était pas humain« … Aujourd’hui encore, les créateurs se « servent » régulièrement des animaux pour – paradoxalement – parler de notre humanité. Un point commun relie d’ailleurs la plupart des œuvres récentes associées à nos amies les bêtes : la recherche du mouvement dans ce qu’il a de plus animal pour évoquer les problématiques inhérentes à la biodiversité.
À l’image du Carnaval des animaux d’Émilie Lalande, qui, après Wood, poursuit son travail autour de la préservation de l’environnement. « L’exploration de l’œuvre musicale de Saint-Saëns m’a paru être un chemin adéquat pour raconter aux enfants cet équilibre nécessaire entre les espèces« , explique la chorégraphe. « Nous, les Hommes, sommes des animaux doués de culture, nous avons donc une responsabilité plus grande quant à la manière de traiter la nature, les animaux et le monde vivant. » Hommage aux espèces animales, cette création pétillante et virtuose est à la fois un état des lieux et un voyage onirique, que le répertoire de Saint-Saëns, grave, conscient et joyeux, parvient à sublimer.
Et s’il était déjà trop tard ? Et si les animaux venaient à disparaître, pour ne devenir aux yeux des générations futures qu’une Légende ? Le marseillais Michel Kelemenis aborde également cette question environnementale avec une fable chorégraphique légère dans la forme, mais non dénuée de profondeur. « Quoique tendu et sombre, le choix de ce thème veut participer de l’hypothèse positive d’un sauvetage qui s’appuierait sur le réveil de la jeunesse. Parce qu’en cette jeunesse, il faut, en marge du cataclysme en cours, insuffler beaucoup de courage et d’encouragements, lire et respecter les émois, et, sinon, éveiller des désirs d’action. » Car en fin de compte, une seule question mérite réellement d’être posée : la vie sur terre peut-elle se passer de la diversité de la faune ?
Le Carnaval des animaux: 5 nov 20h30, Espace de Vinci, Mandelieu. Rens: mandelieu.fr
Légende: 16 nov 15h & 18 nov 19h30, Théâtre de la Licorne, Cannes. Rens: cannes.com
photo : Le Carnaval des animaux © Anaïs Baseilhac