Que la Fête du Livre du Var continue !

Que la Fête du Livre du Var continue !

Lorsqu’on sait dans quel contexte fut créée la Fête du Livre du Var, il n’est pas étonnant d’apprendre que le Département du Var a souhaité rendre hommage, dans le moment de crise environnementale que l’on traverse aujourd’hui, à un auteur de l’envergure de René Barjavel. L’édition 2022 se déroulera du 18 au 20 novembre, sous un chapiteau géant installé sur la Place d’Armes à Toulon, en présence de plus de 300 auteurs de littérature générale, jeunesse et BD, et plus de 150 rendez-vous littéraires.

De même que les fondations d’une maison garantiront sa solidité et sa pérennité, les fondations sur lesquelles repose la création d’un événement sont primordiales. C’est pourquoi il nous paraît important de rappeler à chaque édition de la Fête du livre du Var, dans quel contexte elle a été créée.

Alors, oui, on se répète. Oui, nos plus fidèles lecteurs connaissent déjà l’histoire. Mais pour les autres, les plus jeunes notamment, nous nous devons de raconter, une fois encore, comment une bande de passionnés du livre, de bénévoles, de libraires locaux, emmenés par l’actuel maire de la ville, Hubert Falco, alors Président du Conseil Général du Var, ont conçu cet événement littéraire, festif, et totalement gratuit, en réaction à la politique et aux idées nauséabondes d’une municipalité alors dirigée par le FN.

Il y a 25 ans, Hubert Falco lançait la 1e Fête du Livre du Var, sous l’appellation Livres en toute liberté. Lors des 20 ans de la manifestation, l’édile revenait sur l’histoire : « La Fête du livre 1996 organisée par la mairie de Toulon, dirigée par Jean-Marie Le Chevalier, avait été boycottée par la majorité des librairies de la ville et des éditeurs, boycott qui faisait suite à la décision du maire FN de ne pas rendre un hommage particulier à l’écrivain Marek Halter. Dans le cadre de la politique culturelle mise en place alors par le Conseil général, nous avons décidé de lancer avec les libraires toulonnais Livres en toute liberté en 1997. Cet événement a été placé sous les signes de la liberté et de l’universalité. » Pari réussi donc, car depuis 25 ans, la Fête du Livre du Var continue de poursuivre une bataille de la culture menée contre la bêtise humaine… Une bêtise humaine qui n’est pas seulement réservée à une certaine caste politique. On constate que le monde dans son ensemble marche sur la tête, et ce depuis un moment déjà. La crise climatique que nous traversons, mais aussi les crises économiques, sociales et migratoires qu’elle entraînera forcément dans son sillage, pourraient sérieusement abîme — si ce n’est plus — nos sociétés humaines, à court ou moyen terme.

De nos jours, les dystopies d’anticipation qui mettent en scène les conséquences des activités de l’homme sur l’environnement sont légion, mais il fut un temps où ces scénarios n’étaient pour le public que pure fiction, voire de simples divertissements quelque peu morbides. Même les premières alertes sérieuses de la part de personnes que l’on nomme les sachant, les experts, remontent aux années 70. Rappelons que le Rapport Meadows, premier ouvrage évoquant les liens entre conséquences écologiques de la croissance économique, limitation des ressources et évolution démographique fut publié en 1972. Pourtant un homme, un « simple auteur », sortait dès 1943 un roman aux accents collapsologiques, Ravage. Un auteur que de nombreux spécialistes présentent, aujourd’hui, comme le précurseur de la science-fiction et du combat écologique. Ce romancier, c’est René Barjavel, et cette année, la Fête du Livre du Var a judicieusement décidé de lui rendre hommage. Une belle preuve d’engagement pour la cause environnementale et d’affirmation de ses positions humanistes !

Un hommage de barje

En 1943, René Barjavel n’a qu’une vingtaine d’années lorsqu’il sort Ravage, l’un des premiers romans de science-fiction à mettre en cause les conséquences potentiellement dramatiques désastreuses de nos modes de vie modernes. À l’heure où d’innombrables scénarios dystopiques — tant littéraires que cinématographiques — qui lui ont succédé deviennent réalité, où des futurs possibles sinon probables pourraient se réaliser, le Département du Var a eu la bonne idée de rendre hommage à cet auteur visionnaire lors de la Fête du Livre du Var 2022.

René Barjavel © DR

Visionnaire, car dans Ravage, le romancier français imagine l’effondrement de notre civilisation suite à une gigantesque panne d’électricité en 2052. Cela ne vous rappelle-t-il pas quelque chose ? Dans cette société où le monde est totalement dépendant des machines, « l’humanité ne cultivait presque plus rien en terre. Légumes, céréales, fleurs, tout cela poussait à l’usine, dans les bacs”, écrivait-il alors. La culture hydroponique avant l’heure ? Lorsque René Barjavel publie cet ouvrage, il est qualifié de « roman extraordinaire », et bien que des auteurs francophones comme Jules Verne ou J.-H. Rosny aîné avaient déjà écrit, avant lui, des « romans scientifiques » et des « romans d’anticipation », Barjavel fait alors figure de précurseur dans le domaine de la « science-fiction » hexagonale, un anglicisme qui n’apparaîtra qu’après la 2e Guerre Mondiale, lorsque des écrivains comme Isaac Asimov ou H.P. Lovecraft sortiront d’un cercle restreint d’initiés.

Né à Nyons (Drôme) en 1911, petit-fils de paysans, fils de boulangers, Barjavel perd sa mère alors qu’il n’a que 11 ans. Elle aura malgré tout le temps de lui transmettre sa passion dévorante pour la lecture. Après plusieurs petits boulots, le jeune René Barjavel, doté de capacités littéraires, devient journaliste, puis chef de fabrication dans une maison d’édition parisienne, puis par la suite, scénariste, adaptateur et dialoguiste dans des films comme la série des Don Camillo, Les Misérables, Le Guépard

C’est sous une occupation allemande qui lui inspirera son roman Ravage, qu’il se lancera dans la « science-fiction », l’anticipation, avec le succès qu’on lui connaît aujourd’hui — même s’il fut compliqué à atteindre. Pas de « space opera » à la Burroughs ici ou de créatures venues d’ailleurs à la Wells. Non ! Mais des romans « terriens » mettant en scène des hommes et des femmes face à des situations, sinon réalistes, extraordinaires : Le Voyageur imprudent, premier roman à avoir évoqué le fameux — pour tout amateur de SF — « paradoxe du grand-père » (lié au caractère problématique du voyage dans le temps rétrograde : en gros, si je retourne dans le Passé pour tuer papi, pour telle ou telle raison, avant qu’il n’ait eu de descendance, comment ai-je pu venir au monde et voyager dans le temps pour essayer de le tuer ?), Le Diable l’emporte, La Nuit des temps (Prix des libraires 1969), Le Grand Secret (Prix du roman des Maisons de la Presse 1973), qui pour le coup est une uchronie, autre sous-genre de la science-fiction, Une rose au paradis, ou encore La Tempête

Visionnaire, le bonhomme a imaginé bien des choses avant leur invention : la Tour Montparnasse dans Ravage, mais aussi les TGV, les hologrammes, les téléphones mobiles… « Chaque fois qu’il désirait quelque chose de nouveau, il payait avec sa clé (…) et son compte était aussitôt diminué de la valeur de la marchandise« , écrivait-il dans La Nuit des temps. À l’image des lois de la robotique — bien réelles aujourd’hui — imaginée par l’auteur Isaac Asimov en 1950, les scientifiques se sont inspirés de Barjavel pour créer… la carte bancaire ! Réappropriation assez dingue, que l’auteur relativisait pourtant dans une interview, en 1969 : « Comme je suis infiniment curieux, je lis toutes les revues scientifiques, je sais à peu près ce qu’il se passe et j’essaie d’en déduire ce qu’il va se passer« .

Malgré toutes ces trouvailles, certains spécialistes ont pu voir dans son œuvre la marque de quelqu’un de réactionnaire, par la façon qu’il avait de diaboliser le progrès, quand d’autres évoquaient plutôt quelqu’un de passéiste, qui voyait dans les avancées technologiques un risque, une sourde menace. En même temps, peut-on lui en tenir rigueur en voyant ce que le monde est devenu aujourd’hui ? Le Futur est resté son obsession jusqu’à la fin, comme une façon d’exorciser ce qu’il redoutait pour la planète et ses habitants : leur extinction. L’INA a d’ailleurs récemment ressorti des placards une archive datant de 1973, dans laquelle, devant une caméra de FR3, il explique : « Imaginez ce qu’il se passe si tout à coup l’énergie s’arrête : c’est l’écroulement, c’est le commencement de la décomposition, c’est comme un corps où le sang circule plus. » Des propos qui font écho à ce que l’Europe traverse actuellement, à ce que le monde pourrait vivre prochainement avec les énergies fossiles. « Contrairement à ce que l’on pense, [notre monde] n’est pas solide du tout, il est extrêmement vulnérable, d’autant plus vulnérable qu’il est plus compliqué, plus parfait, plus technique… » Cette interview a quasiment 50 ans !

Sa dernière œuvre, inachevée, un essai intitulé Demain le Paradis, dans lequel il retranscrit ses réflexions sur le monde, paraîtra en 1986, un an après sa mort, des suites d’un malaise cardiaque. 10 ans avant, sur un autre plateau de télévision, il expliquait que la science-fiction était, pour lui, un moyen d’imaginer le futur de l’humanité : « Si j’ai écrit de la science-fiction, c’est parce que ce qui m’intéresse, ce qui me passionne (…), c’est le sort de l’humanité. Or, la science-fiction est une façon de mettre l’espèce humaine devant des problèmes et d’imaginer comment elle pourrait s’en sortir. » Par les temps qui courent, on ne peut que remercier le Département du Var de rendre hommage à un tel auteur.

AUTOUR DE BARJAVEL
L’univers de Barjavel sera décliné lors de plusieurs animations qui jalonneront cette Fête du Livre du Var, du 18 au 20 novembre, à commencer par grand un Escape Game autour de son roman La Nuit des temps, organisé par la Médiathèque départementale du Var.
En réalisant un relevé du relief sous-glaciaire au pôle Sud, des chercheurs français font une découverte inattendue, retransmise alors sur tous les « réseaux » d’information de la planète : un émetteur est prisonnier de la glace et pourrait bien être le premier indice de l’existence d’une civilisation, le Gondawa, datant de 900 000 ans. La jeune Eléa, l’un des deux personnages retrouvés vivants après une hibernation de plusieurs millénaires, une sorte de nouvelle Ève dont tombera amoureux le Docteur Simon, raconte que « la troisième guerre » entre cette civilisation et sa rivale, Enisoraï, a provoqué 800 millions de victimes en une heure de conflit…
Politique, frissons et amour sont au cœur de La Nuit des temps — probablement mon roman préféré de l’auteur français. En 1968, lorsqu’il paraît, la Guerre Froide connaît une période de « détente », et le monde est marqué par de nombreux mouvements de contestation, qui remettront en question l’ordre établi dans chacun des deux blocs… À travers la chute du Gondawa, Barjavel, au fait des enjeux géopolitiques de son époque, comme il le démontre dans chacun de ses ouvrages, met alors en garde contre l’apocalypse nucléaire, que la Planète aurait pu connaître seulement 6 ans auparavant, lors de la crise des missiles de Cuba. Conçu au départ pour être le scénario d’un film, et après une longue gestation, La Nuit des temps restera finalement sur papier, le projet étant jugé trop onéreux. Un ouvrage intemporel, un univers vaste à l’intrigue passionnante et complexe, qui se prête donc parfaitement à un Escape game !
Une exposition sur la vie, l’œuvre, la personnalité du bonhomme sera également proposée à tous, et deux autres rendez-vous se tiendront lors de la journée dédiée aux scolaires, le vendredi 18 novembre. Les jeunes lecteurs pourront se familiariser avec le « Père » de la science-fiction française lors d’une Rencontre autour de Barjavel animée par l’auteur Pascal Fournier, tandis que les collégiens lauréats du concours Barjavel se verront remettre un Prix d’écriture récompensant leurs travaux.

Idéaux et débats littéraires

Entre débats de société et tables rondes littéraires, les idéaux — que l’on parle de concepts sociaux et politiques, ou de figures littéraires fantasmées — des auteurs invités alimenteront les nombreux rendez-vous qui attendent le public dans les différents espaces de la Fête du Livre (Regards d’auteurs, Scène littéraire et Apostrophes littéraires).

Table ronde littéraire, Fête du Livre du Var © Département du Var

Comme chaque année, les GRANDS DÉBATS D’ACTUALITÉ ET DE SOCIÉTÉ reviendront sur les temps forts de l’actualité de l’année écoulée. Et c’est peu dire qu’il y a matière ! Journalistes, essayistes, romanciers et auteurs de bande dessinée confronteront leurs points de vue, notamment sur la situation en Ukraine, qui fera l’objet d’un rendez-vous en compagnie de l’auteur Emmanuel Ruben. Ancien élève de l’École Normale Supérieure, agrégé de géographie, passionné d’Histoire, il marie volontiers ces deux sciences aux thèmes qu’il affectionne particulièrement dans ses ouvrages : la frontière, la mémoire, l’utopie, le voyage impossible… Son dernier roman, Les Méditerranéennes (déjà Prix du roman historique 2022, et en sélection pour le grand prix de l’Académie française), qui s’inspire librement de son histoire familiale pour raconter la saga d’une famille juive berbère d’Algérie de 1836 à nos jours, avec pour fil rouge un chandelier à neuf branches, tire le fil de l’Histoire et de son lot d’horreurs que la mémoire tente d’effacer. Un ouvrage qui peut faire écho à ce que le peuple ukrainien endure actuellement.

L’actualité vue à travers le prisme de la littérature, ce sera aussi la politique avec Franz-Olivier Giesbert, les mouvements migratoires et l’exil avec Capitaine Alexandre, Stéphanie Coste et Sabyl Ghoussoub, l’histoire amérindienne avec Jim Fergus, ou encore le métavers et la réalité virtuelle avec Nathan Devers.

Toujours très attendues, les TABLES RONDES LITTÉRAIRES permettront quant à elles de découvrir les regards croisés d’auteurs de littérature générale, d’essayistes, de scénaristes, d’illustrateurs de bandes dessinées… Il y sera question de Commandos et policiers, héros sur le terrain avec Louis Seillans, Jean-Louis Fiamenghi et Abdoulaye Kanté ; d’Un monde en souffrance avec Christian Astolfi, Céline Righi et Hélène Rossinot ; ou encore de La puissance du sport, les drames de l’histoire avec Jean-Paul Ollivier, Renaud Leblond et Kris. Les auteurs de romans noirs Jérôme Camut, Nathalie Hug et Sonja Delzongle échangeront sur le Polar : mystérieuses disparitions, tandis que Maria Larrea, Amélie Antoine et Anthony Passeron se demanderont comment Être et se réinventer. La question de la place de la femme dans nos sociétés sera bien entendu discutée : Dominique Missika, Dominique de Saint-Pern, Fabienne Lauret et Philippe Guillaume interrogeront ce que signifie Etre femme dans l’adversité, alors qu’Elsa Oriol, Laura El Makki, Nathalie Wolff et Pancho parleront Des hommes, des femmes, des libertés. Enfin, un Hommage à Marcel Pagnol sera rendu en compagnie de son fils Nicolas Pagnol, de Daniel Picouly, président d’honneur de la précédente Fête du Livre du Var, ainsi que Serge Scotto et Serge Toubiana.

Le club des neuf

Daniel Picouly, président d’honneur de la Fête du Livre du Var en 2021, n’aura pas de successeur cette année. Le Département du Var a choisi, en sus de l’hommage réservé à René Barjavel, de mettre à l’honneur 9 auteurs parmi les quelque 300 invités. Soit Sept Français et deux étrangers, donc de quoi vous offrir une vision à 180° de la littérature du moment.

Marek Halter, José Rodrigues Dos Santos et Sorj Chalandon © DR

« Il nous a confié son émotion de revenir à Toulon, qui fut son premier salon littéraire en France« , nous indique le Département du Var. Lui, c’est José Rodrigues Dos Santos, l’un des neuf auteurs à l’honneur et l’un des deux romanciers étrangers, avec Jim Fergus — qui vient de publier May et Chance, où il reprend le personnage de May Dodd, l’héroïne de la trilogie Mille femmes blanches, retraçant l’histoire vraie de femmes blanches livrées aux Indiens par le gouvernement américain pour partager leur vie, raconte son incroyable destin. Également auteur de romans historiques comme Le Magicien d’Auschwitz et Le Manuscrit de Birkenau, José Rodrigues Dos Santos est surtout connu du grand public comme l’un des plus grands auteurs européens de thrillers scientifiques. Son ouvrage phare La Formule de Dieu (2012), traduit dans plus de 17 langues, est justement à la croisée du roman historique et du thriller scientifique. L’intrigue, qui prend pour point de départ la découverte d’un manuscrit inédit d’Albert Einstein, est dans la veine d’un Da Vinci Code. Mais, à l’inverse d’un Dan Brown, l’auteur portugais précise en préambule que l’ensemble des thèses et théories présentées seraient scientifiquement reconnues. Un peu comme Barjavel, au fil de la lecture, les problématiques géopolitiques laissent place à une quête existentielle, en l’occurrence les origines de l’univers et le sens de la vie. « Découvrir les vérités cachées« , voilà ce qui motive ce romancier, ex-journaliste reporter de guerre, un temps présentateur vedette du journal de 20h au Portugal. Dans son dernier roman, Âmes animales (2022), José Rodriguez Dos Santos, va jusqu’à mêler thriller scientifique et art contemporain, le tableau de Jérôme Bosch, Le Jardin des délices, y occupant une place centrale. Vous pourrez le rencontrer et l’écouter, le samedi 19 novembre à 15h, lors d’un Grand Entretien.

De la fiction au roman historique, du polar à l’essai politique, ces 9 auteurs mis à l’honneur explorent ainsi une grande partie du spectre littéraire, et tous participeront aux GRANDS ENTRETIENS de la Fête du Livre du Var, des conversations en « tête-à-tête » et à bâtons rompus avec un journaliste ! On y retrouvera également le « père » et vulgarisateur de la notion de résilience, Boris Cyrulnik, autour de son ouvrage Le Laboureur et les mangeurs de vent, Franz-Olivier Giesbert (Histoire intime de la Ve République), Sylvie le Bihan (Les Sacrifiés), ce cher Nelson Monfort (Mémoires olympiques), Marek Halter, pour qui les leçons de l’Histoire sont essentielles, et qui nous entraîne, avec La Juive de Shanghai, de l’Allemagne nazie à la Chine communiste, mais aussi Irène Frain (L’allégresse de la femme solitaire) et Sorj Chalandon.

Journaliste, ce dernier a été chroniqueur judiciaire et grand reporter au Moyen-Orient notamment au Liban, et en Irlande du Nord. Ses articles sur le conflit entre le Royaume-Uni et l’Irlande, et sa couverture du procès de Klaus Barbie, lui ont valu le Prix Albert Londres en 1988. Prix Médicis en 2006 pour une Promesse et Grand prix du roman de l’Académie française en 2011 pour Retour à Killybegs, Sorj Chalandon évoquera, à la Fête du Livre du Var, l’adaptation de Profession du père en bande dessinée et son roman Enfant de salaud, tous deux intimement liés en mêlant fiction et autobiographie. Ce dernier ouvrage raconte comment il a découvert, lors du Procès Barbie, la vérité sur son père, un homme mythomane et violent, un homme qui a collaboré avec l’ennemi durant la Seconde Guerre Mondiale… On retrouvera l’auteur tout au long du weekend : le vendredi à 14h avec le dessinateur Sébastien Gnaedig, sur le thème Du roman à la bande dessinée, le samedi à 15h pour un Grand entretien, et le dimanche à 11h30 avec Jean-Claude Bauer pour une Table ronde littéraire autour du Procès Barbie : deux anciens journalistes témoignent.

PARMI LES 300 AUTEURS INVITÉS
Auteurs majeurs de la rentrée littéraire et médiatique : Franz Olivier Giesbert, Irène Frain, Nathan Devers, Emma Becker, Emmanuel Ruben…
Auteurs en lice et lauréats des prix littéraires : Sylvie Le Bihan, Yves Harté, Laura Poggioli, Gautier Battistella, Jérôme Chantreau, Yolaine Destremau, Christian Astolfi, Stéphanie Coste…
Auteurs de roman noir et de polar : Olivier Bal, Sonja Delzongle, Karine Giebel, Fayçal Ziraoui…
Primo-romanciers : Guillaume Perilhou, Maria Larrea, Kinga Wyrzykowska, Jeanne Beltane, Anthony Passeron, Stéphanie Coste, Pierre Guénard…
Auteurs étrangers : Emelie Schepp, Jim Fergus, JR Dos Santos…

Qu’importe le flacon…

…pourvu qu’on ait l’ivresse des mots ! Ateliers et quiz littéraire animés par des auteurs, escape game autour de Barjavel, pièce de théâtre adaptée du roman de Romain Gary, La promesse de l’aube, ou encore les toujours plébiscitées Lectures immersives… Il existe de nombreuses manières de faire exister les mots, autrement que dans un livre !

Pierre Guénard © Deareverest

Demandez à Pierre Guénard ! Auteur, compositeur, chanteur et guitariste du groupe rock Radio Elvis, il sera présent à Toulon. En avril dernier, son groupe — lauréat de la Victoire de la Musique 2017 dans la catégorie Album révélation pour son 1er effort Les conquêtes — annonçait se mettre en stand-by, notre homme ressentant le besoin d’écrire des choses plus personnelles, plus intimes. Si les fans furent probablement désappointés en apprenant la nouvelle, bien en a pris au leader du groupe, puisqu’il prépare aujourd’hui un opus solo, et vient surtout de faire paraître son premier roman, Zéro Gloire, une autofiction poisseuse et rythmée de 120 pages. Il y évoque, à travers le personnage d’Aurélien, son adolescence, ses amis, ses amours, ses emmerdes… Le temps des premières fois. Jusqu’à ce qu’un drame signe la fin de cette effervescence sensuelle et sauvage. Désormais, jeune adulte, il travaille de nuit chez McDo et le jour à l’Agence Funéraire Européenne de Poitiers. Certains l’appellent Harry, en référence à ses lunettes rondes, d’autres lui demandent s’il est un garçon ou une fille. Ses seules respirations dans cet univers oppressant : les pauses, aux toilettes, pour écrire des poèmes, se persuader qu’une autre vie est possible et rêver qu’il deviendra une star du rock. « Je regarde des vidéos des Doors et ce n’est pas Jim Morrison qui chante, c’est moi. C’est moi la transe et les cris, c’est moi le cuir et la messe interdite, c’est moi l’Indien des grandes plaines, c’est moi les jours étranges, les visions à L.A., la jeunesse qui brûle en offrande, c’est moi la gloire, le scandale, c’est moi le chaos, je me finis sur un porno« . Récit initiatique contemporain, portrait acide d’une génération désenchantée, ce premier roman fera l’objet d’une lecture par son auteur. Des extraits accompagnés de titres inédits interprétés en acoustique, pour un seul en scène musical singulier.

Remises de prix

Parmi tous les auteurs invités, certains d’entre eux auront un intérêt particulier à venir à Toulon, car ils figurent sur la liste retenue pour le Prix des Lecteurs du Var et le Prix Encre Marine, qui sera remis lors de l’inauguration le vendredi 18 novembre à 11h30.

Lancé en 2005, le Prix des Lecteurs du Var est l’un des rares prix littéraires en France, décerné par les lecteurs eux-mêmes. Il s’inscrit dans la volonté du Département de promouvoir la lecture, de développer les liens entre lecteurs et auteurs, de les inciter à lire et faire lire. Les 9 ouvrages, parus depuis le début de l’année, ont été sélectionnés pour donner un avant-goût de la « couleur littéraire » de cette Fête du Livre du Var 2022. Ouverts en juin, les votes ont pris fin en octobre. Les 88 médiathèques participantes ont rivalisé d’efforts pour vous faire découvrir — au travers de rencontres, lectures et ateliers pour les plus jeunes — cette sélection dans les trois catégories suivantes… Roman adulte : Chef de Gautier Battistella (Grasset), Minuit dans la ville des songes de René Frégni (Gallimard), Le passeur de Stéphanie Coste (Gallimard). Album jeunesse : Les deux géants de Régis Lejonc & Martin Jarrie (HongFei), L’éternité de Mathilde Poncet (L’Étagère du Bas), L’encyclopédie des ogres de Denis Baronnet & Gaëtan Dorémus (Actes Sud junior). Bande dessinée : Calpurnia de Daphné Collignon (Rue de Sèvres), Babyface d’Olivier Balez (Rue de Sèvres), Clara et les ombres d’Andréa Fontana & Claudia Petrazzi (Bande d’ados).

Toulon, ville portuaire, ouverte sur la méditerranée et le monde, siège du 1er port de défense d’Europe, promeut également le Prix Encre Marine, créé en 1991 par l’Amiral commandant la zone Méditerranée et le préfet maritime Méditerranée. Celui-ci récompense chaque année un ouvrage mettant en valeur les thèmes relatifs à la mer et au monde maritime, civil ou militaire. Cinq romans étaient en lice en 2022 : Hommes des tempêtes de Frédéric Brunnquell (Grasset), Maritimes de Sylvie Tanette (Grasset), Ultramarins de Mariette Navarro (Quidam Editions), Le passage de la ligne d’Hervé Le Guyader (Ancre de Marine), Kerguelen. Un marin des lumières d’Alain Boulaire (Locus Solus).

Rendez-vous à Toulon pour découvrir en détail ces ouvrages et rencontrer les lauréats !

INFOS PRATIQUES
Ven 18 nov 2022 : 10h-20h30
Sam 19 & dim 19 nov 2022 : 10h-19h
Chapiteau Place d’Armes, Toulon
Entrée gratuite
Rens: var.fr, FB fetedulivreduvar, #fdlvar

photo Une : Vue de la Fête du Livre du Var © Département du Var

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