Narcisse, au-delà du mythe

Uwrubba_03439 © Andrea Messana

Narcisse, au-delà du mythe

Pour leur 3e création, ‘Uwrubba, les deux frères Ali et Hèdi Thabet ont imaginé un spectacle total et authentique dans lequel la musique et la danse fusionnent ouvrant sur une forme d’opéra aux accents méditerranéens. À découvrir à Nice, Grasse et Toulon.

C’est à Athènes qu’ont jailli les prémices de ce spectacle. On y trouve le mythe de Narcisse auquel l’artiste, sur lequel se posent les regards, est parfois confronté. À bien y regarder, cette allégorie va bien au-delà de la beauté puisqu’elle interroge les notions d’amour et d’exil, de normalité aussi ; autant de thèmes qui deviennent source d’une inspiration sans limites. C’est également en Grèce que se joue le rébétiko que l’on pourrait qualifier de blues oriental et dont la sonorité n’est pas sans rappeler certaines compositions tunisiennes. Les deux artistes détiennent ainsi les bases de leur nouvelle pièce qu’ils décident d’associer dans un émouvant croisement entre l’Europe et l’Orient.

‘Uwrubba met en scène six danseurs, huit musiciens grecs et tunisiens, une chanteuse lyrique et un poète. En référence au mythe de Narcisse, un miroir est disposé en arrière-plan sur lequel sont projetés des extraits du film L’ordre de Jean Daniel Pollet. Un reflet narcissique pour le moins singulier puisque l’essai cinématographique met en avant le témoignage de Raimondakis, l’un des derniers malades, resté enfermé pendant 36 ans dans la léproserie située sur l’îlot de Spinalonga en Crête. Il aura fallu attendre 1956 pour que ces bannis de la société puissent intégrer une structure hospitalière près d’Athènes. Raimondakis est devenu le porte-parole de ces êtres abandonnés, vivant isolés dans une relative autonomie, avant que ne soit trouvé le moyen de les soigner. Ce destin aux traces inaltérables pose la question de la normalité induisant aussi la possibilité d’une coexistence entre bannis d’hier et d’aujourd’hui. Les mots de René Char, extraits des Feuillets d’Hypnos, enrobent l’ensemble de la création d’une douceur poétique particulièrement chère à Hèdi Thabet.

17 & 18 nov 20h, La Cuisine – TNN, Nice. Rens: tnn.fr
20 nov 17h, Théâtre de Grasse. Rens: theatredegrasse.com
18 jan 20h30, Théâtre Liberté, Toulon. Rens: chateauvallon-liberte.fr