Attention, film culte !

Le cabinet du docteur Caligari

Attention, film culte !

Chef d’œuvre absolu de l’expressionnisme allemand, Le cabinet du docteur Caligari est projeté en ciné-concert, avec illustration musicale de l’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo, le 22 novembre à l’Opéra Garnier.

Un siècle après sa sortie en France, Le cabinet du Docteur Caligari (1920) reste un film qu’il faudrait avoir vu au moins une fois dans sa vie. Présent dans toutes les encyclopédies du 7e Art, étudié dans les écoles de cinéma, cité en exemple pour la qualité et l’originalité de sa mise en scène et de ses décors, récemment restauré, c’est une œuvre qui ne vieillit pas et qui conserve au fil des décennies toute son attractivité, exerçant sur le spectateur une sorte de fascination. Projeté dans le cadre de la saison Tout l’art du cinéma de l’Institut Audiovisuel de Monaco, le film sera accompagné par l’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo, placé sous la direction de Frank Strobel, et avec une composition musicale de Stéphane Fromageot.

Réalisé par le cinéaste visionnaire Robert Wiene (1873-1938) en 1920, ce long métrage phénomène, muet et en noir et blanc, est une pièce de maître de l’expressionnisme allemand (certains critiques avaient même avancé le terme de « caligarisme »), dont il est devenu le symbole, et a inspiré de nombreux réalisateurs, de Fritz Lang (qui a collaboré à la préparation, puis y a renoncé pour se consacrer à son film Les Araignées) à Tim Burton, en passant par Orson Welles, Charles Laughton, Alfred Hitchcock, Dario Argento ou Brian de Palma.

Parfois présenté comme un « film fantastique et d’horreur à énigmes« , c’est l’histoire du sinistre Docteur Caligari et de son exécuteur de basses œuvres, le somnambule Cesare, exhibé dans les spectacles de cirque, qui prédit l’avenir, mais qui se charge aussi de l’influencer, manipulé par son diabolique maître à penser. Le film peut être vu comme une métaphore des dérives de l’autorité sur les populations, de l’influence néfaste des dictatures. De nombreux observateurs y ont aussi vu une prémonition de l’avènement du fascisme en Allemagne.

Cette œuvre impressionne surtout par l’exaltation des acteurs et son style visuel. Eloïse Poncet écrit dans Florilèges : « Le somnambule est la funeste marionnette d’un homme puissant qui agit dans l’ombre. La nuit envahit le film. Accentuée par le décor, elle participe à la création d’un monde complet et clos. » Le décor, réalisé par trois peintres expressionnistes allemands – Hermann Warm, Walter Röhrig et Walter Reimann – est volontairement distordu, à base de lignes brisées, angles aigus, perspectives volontairement chahutées, destinées à illustrer les errances psychologiques des personnages, et probablement aussi à déranger le spectateur, le mettre mal à l’aise, et ça marche ! À voir (ou revoir) absolument.

22 nov 20h, Opéra Garnier, Monaco. Rens: opmc.mc & toutlartducinema