Monaco, phare de l’art chorégraphique

Monaco, phare de l’art chorégraphique

En décembre, les Ballets de Monte-Carlo célèbrent le retour à la vie, à l’intensité de la création, aux tournées internationales. Ils rayonnent sous la houlette de Jean-Christophe Maillot qui aime faire de son art une véritable fête.

La reconnaissance internationale de la compagnie passe par les tournées. Dès le mois d’octobre, les danseurs se sont envolés pour l’Italie où le magnifique Teatro Grande de Brescia les a accueillis avant qu’ils ne poursuivent leur périple vers Tokyo, puis Washington. Les voici de retour à Monaco en décembre pour offrir des moments privilégiés au public de la région. Pour ce dernier, il est également l’heure de découvrir des propositions de très grande qualité à travers les compagnies invitées dans la cadre du Monaco Dance Forum, l’autre pendant de la structure des Ballets de Monte-Carlo.

La programmation débutera le 10 décembre, à l’Opéra Garnier, avec un événement : la Gauthier Dance / Dance Company Theaterhaus Stuttgart a convoqué sept des chorégraphes les plus influents à l’heure actuelle pour se pencher sur The Seven Sins. Aszure Barton, Hofesh Shechter, Marco Goecke, Marcos Morau, Sasha Waltz, Sharon Eyal et Sidi Larbi Cherkaoui livreront leur vision envoutante du péché. Après l’intensité diabolique d’une telle ouverture, l’apaisement viendra de la beauté du kuchipudi, danse indienne interprétée par Shantala Shivalingappa, accompagnée comme le veut la tradition par quatre musiciens, dans Swayambhu. Shantala Shivalingappa est une danseuse d’exception qui a travaillé avec des artistes comme Maurice Béjart, Bartabas ou Pina Bausch. Tous ont été fascinés par sa maîtrise du kuchipudi qui demeure une danse exigeante dont l’apprentissage dure sept années en moyenne.

Quittant la chaleureuse salle Garnier de l’opéra, la suite du programme se déroulera au Grimaldi Forum qui accueillera tout d’abord la compagnie madrilène Kor’sia, particulièrement innovante dans son approche de la danse contemporaine qu’elle intègre dans une approche visuelle globale comme on pourra le constater avec Igra, inspirée très librement de Jeux, pièce créée en 1913 par Nijinsky. Tout aussi novatrice La Veronal, basée à Barcelone sous la direction de Marcos Morau, propose des créations d’une grande inventivité dans lesquelles les références et les apports artistiques multiples créent un art protéiforme dont Sonoma en est la preuve. Les Ballets de Monte-Carlo clôtureront le Monaco Dance Forum avec deux pièces signées Jean-Christophe Maillot. Noces, qui est une pièce peu donnée jusqu’alors et mérite de retrouver le devant de la scène, s’inspire de la musique de Stravinski et s’attache, de façon très esthétique, à l’aspect émotionnel de la célébration du mariage. La pièce Opus 40 est quant à elle une explosion de mouvements, de couleurs et de joie.

Cette édition 2022 permet également d’aborder la danse sous d’autres aspects. Différents… Et alors ! propose une réflexion sur le handicap grâce aux propositions des compagnies 6eSens et Dk-Bel qui, par le biais de courts métrages et spectacles, interpellent sur le regard posé envers celui qui est différent. Le Monaco Dance Forum est l’occasion de retrouver la danse sur grand écran et ce n’est rien moins que le célébrissime West Side Story, de Robert Wise et Jerome Robbins qui sera présenté. Enfin, dans un moment de partage, plusieurs ateliers sont ouverts aux amateurs sous la conduite de George Olivera pour les Ballets de Monte-Carlo, Lorena Nogal pour la Compagnie La Veronal et John Capo pour les danses du monde.

La fin d’année sera éblouissante avec la reprise de Faust devenu emblématique notamment à travers l’interprétation de la Mort si somptueusement portée par Bernice Coppieters, un rôle créé pour elle. L’étoile ayant quitté la scène, ce ballet offre un défi pour les nouveaux danseurs de la compagnie. Jean-Christophe Maillot considère d’ailleurs que le propre du spectacle vivant est d’être interprété par des individualités différentes qui font naître d’autres émotions. Plongeons dans cet univers passionnel à la beauté du diable.

10 au 31 déc, Opéra Garnier & Grimaldi Forum, Monaco. Rens: balletsdemontecarlo.com

photo : Faust © Marie-Laure Briane

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