Elles ne flinguent pas, mais… elles invitent !

Elles ne flinguent pas, mais… elles invitent !

Quatre artistes femmes invitent quatre artistes hommes à exposer… Une autre manière de traiter des rapports hommes/femmes, mais aussi de créer la rencontre et de mettre en œuvre la diversité. Liberté et création, que demander de plus ?

Martine Monacelli est une commissaire originale. Pour l’exposition Elles invitent…, elle a emprunté ses mots qui frappent juste et donne une image très pertinente de cette initiative atypique. L’invitation de femmes à des hommes est quelque peu en rupture avec les « conventions » et peut faire sourire, mais l’idée de faire inviter quatre artistes hommes par quatre artistes femmes n’est pas une simple espièglerie. Cela répond plutôt à la simple préférence d’affronter l’altérité.

Ces duos — Eliz Barbosa/Alain Lestié, Michelle Brondello/Marcel Alocco, Louise Caroline/Martin Miguel, Régine Lauro/Serge Hélénon — sont avant tout le résultat d’un intérêt réciproque porté aux œuvres, mais sont constitués par des gens qui se connaissaient déjà. Ils ont exposé sans savoir à l’avance ce que montrerait chaque duo. « Au passage, éliminons de l’esprit de cette manifestation la perspective de trouver une complémentarité entre les espaces plastiques de chaque duo, comme d’ailleurs celle de corroborer l’idée d’une complémentarité des sexes … La singularité demeure le mot clé« , indique Martine Monacelli. D’ailleurs pour mettre en exergue les travaux de ces quatre duos, les invitantes ont choisi de faire appel à quatre écrivains : Maryline Bertoncini, Jean-Pierre Charles, Alain Freixe, Marie-Christine Masset. « Ainsi les dialogues qui se sont inéluctablement noués entre les œuvres seront-ils exprimés, tout en se rappelant que ces duos sont tout de même l’expression de démarches très personnelles et de composantes culturelles diverses. Il faut bien sûr pour cela que le regardeur n’attende pas de l’art qu’il comble ses attentes, mais au contraire accepte qu’il bouscule ses habitudes et ses certitudes. Ces duos joueront-ils un rôle de détonateur chez les artistes comme chez les visiteurs ? Il n’est pas impossible alors que le souci de l’art entraîne le regardeur sur le chemin vertigineux du plaisir des sens, loin de la frivolité d’un événement mondain… »

Célébrons ce féminisme non-wokiste qui milite pour le métissage loin de la guerre des sexes que nous proposent certain.e.s, mais qui place la féminité bien au-dessus des polémiques et donnent la possibilité aux femmes d’inviter, de proposer, ce qui reste le but de toute libération.

Jusqu’au 30 déc, Espace Muséal, Tourrettes-sur-Loup. Rens: tourrettessurloup.com

photo : vue de l’exposition © DR