06 Jan Vibrations sensibles à Porquerolles
C’est la passion et l’envie de partage qui nourrissent une certaine idée de la culture développée par l’équipe de Jazz à Porquerolles. Le festival est assurément un lieu incontournable pour profiter de belles programmations estivales dans son écrin de verdure. Dorénavant il se prolonge durant l’année et investit le Théâtre Denis et l’Église Anglicane, à Hyères: une bonne idée pour partager les choix d’un amoureux des mots et de la note bleue, Frank Cassenti.
C’est d’ailleurs ce dernier qui nous proposera un film/documentaire de sa réalisation, Le journal d’une Femme sourde. Un long métrage inscrit en compétition au Festival de Film Indépendant de Montréal qui nous fait découvrir une aventure humaine et culturelle aussi touchante que réjouissante. Ce journal nous parle de Lily Regnaut, jeune femme atteinte d’une maladie neurologique, qui lui fait perdre l’ouïe, et de sa rencontre avec l’artiste plasticienne Cassandra Felgueiras, créatrice de la Body Bass. Une innovation qui va changer la vie de Lily et réintégrer dans son univers la musique qu’elle croyait avoir définitivement rayée de ses perspectives. Cette basse électrique à armature métallique, seul moyen de sentir et de partager à nouveau la musique pour Lily, utilise le corps comme caisse de résonance pour permettre aux personnes en déficience auditive d’entendre et sentir à nouveau la musique. Une odyssée magnifique que l’on pourra découvrir dans ce documentaire, suivi d’un concert de Lily, équipée de sa Body Bass et accompagnée par les musiciens qui ont participé au film. Ce moment nous offre la possibilité de vibrer à l’unisson de ce plaisir musical retrouvé.
Autre soirée estampillée Jazz à Porquerolles, avec la venue de Lula Pena dans le majestueux cadre de l’Église Anglicane. Lula Pena est une artiste qui construit sa carrière avec parcimonie. Ses apparitions sur scène sont tout aussi rares que ses sorties discographiques. À peine trois albums depuis son premier opus, Phados en 1998, jusqu’à son dernier sorti en 2017, Archivo Pittoresco. Ce dernier explore un large spectre qui va des sonorités du fado, en passant par le Brésil, mais intègre aussi une chanson du compositeur Grec Manos Hadjidakis, une autre en dialecte sarde, ou encore des poésies des siècles passés. Autant de thèmes musicaux que Lula Pena intègre à sa manière fusionnelle par sa voix, sa guitare et sa présence. Une rencontre hors du temps et pleine de grâce qui décidément se marie bien avec l’esprit du Jazz à Porquerolles qui associe souvent poésie et voyages.
Le journal d’une Femme sourde, 20 jan 20h30, Théâtre Denis
Lula Pena, 3 fév 20h30, L’Anglicane. Hyères
Rens: jazzaporquerolles.org
photo : Le journal d’une Femme sourde © DR