Fidelio… Quelle femme !

Fidelio… Quelle femme !

En janvier, l’Opéra de Nice s’offre en janvier quatre représentations de Fidelio, seul opéra composé par « l’immense Beethoven« , selon les mots de Berlioz ! Ou l’histoire de la belle Léonore (Angélique Boudeville) qui, prête à tout pour sauver la vie de son Florestan de mari (Gregory Kunde) qui moisit en cellule, s’infiltre dans la prison dirigée d’une main de fer par le fourbe et cruel Pizarro (Werner Van Mechelen), travestie en homme sous le prénom de… Fidelio.

C’est le 20 novembre 1805, au Theater an der Wien qu’est jouée Fidelio pour la première fois, dans une salle que le public a fuie. Pas à cause d’un méchant virus qui faisait que la culture n’était plus essentielle, mais en raison de l’arrivée imminente des troupes napoléoniennes aux portes de Vienne. Tout s’arrête au bout de deux représentations. Heureusement, huit ans plus loin, l’ogre Napoléon commence à battre en retraite et Beethoven sera relancé. Il profitera de l’occasion qu’on lui offre de faire revivre sa partition — la plus remaniée de toutes ses œuvres, au point d’avoir composé quatre ouvertures Léonore ! — pour procéder à d’ultimes retouches. Une deuxième version qui resserre l’action en deux actes, est créée le 29 mars 1806. Succès éclair jusqu’à celle que nous connaissons, dont il a supprimé certaines parties et réécrit d’autres pages… Énorme triomphe au Kämtnertortheater de Vienne, le 23 mai 1814.

Mais revenons à nos personnages, plus que jamais d’actualité, à l’heure où partout dans le monde les libertés sont menacées, si ce n’est éhontément bafouées. L’histoire est belle, elle qui raconte le triomphe de l’amour face au pouvoir, et la résistance à l’oppression, d’autant que pour une fois, à la fin, eh bien tout finit bien ! Dans la mise en scène réactualisée de Cyril Teste, l’univers carcéral mute en espace high-tech, laboratoire idéal pour une politique de surveillance clinique, rythmée par un obsédant balai de caméras en permanence braquées sur le moindre geste des détenus. La caméra, arme de guerre moderne mais, heureusement, aussi arme de contre-pouvoir et de défense quand des citoyens dégainent leurs portables pour filmer les abus policiers, puis les diffusent en réseaux tenter d’alerter la planète. Pendant ce temps, en Chine, les autorités ne cachent pas leurs ambitions de reconnaissance faciale à grande échelle… Restauration, magasins, loisirs, déjà près de 2,5 milliards d’images sommeillent dans les serveurs gouvernementaux.

Pour incarner Fidelio-Léonore, la jeune soprano Angélique Boudeville auréolée en 2019 du titre de Chanteuse de l’année de l’Opéra de Paris, répandra le lyrisme pulpeux de son chant tout en émotion et chatoiement. Gregory Kunde, quant à lui désigné Chanteur de l’année aux International Opera Awards 2016, et familier du rôle-titre Otello qu’il maîtrise aussi bien chez Verdi que Rossini, offrira sa pleine maturité vocale à Florestan… « Amour, amour quand tu nous tiens, – On peut bien dire : Adieu prudence ! » — Jean de La Fontaine, Le Lion amoureux.

20 au 26 jan, Opéra de Nice. Rens: opera-nice.org