Frédéric Altmann, un photographe inattendu

Frédéric Altmann, un photographe inattendu

Celui qu’on surnomme « le photographe de l’Ecole de Nice » expose au Musée de la photographie Charles Nègres à Nice, jusqu’au 5 février 2023. Incontournable figure du monde de l’art niçois depuis plus de 60 ans, Frédéric Altmann dispose de plus de 150.000 négatifs dans ses réserves. Ses cibles : les artistes dans tous leurs états. La ville de Nice lui a rendu un chaleureux hommage en lui remettant la médaille de la ville. Il s’est confié à la Strada.

Le titre de votre exposition s’intitule Un photographe inattendu. Quand et pourquoi avez-vous suivi cette voie de la photographie ?

Par hasard ! Je suis devenu photographe en 1956, lors d’une tournée de trois mois aux États-Unis et au Canada en tant que chanteur, dans la chorale Des petits chanteurs de la Côte d’Azur, basée à Nice. À ce moment-là, j’ai fait l’acquisition de mon premier appareil photo, un Kodak Brownie Flash, en bakélite noire. J’ai commencé par des prises de vues que mes parents m’avaient demandées. La même année, j’ai échoué au certificat d’études : zéro partout, sauf en chant, 20 sur 20. Alors, je suis devenu, comédien dans la compagnie Les Vaguants. J’ai fait de nombreux petits boulots : livreur, apprenti magasinier… Puis le Conservatoire à Nice en classe d’art dramatique, et victoire au bout de deux années ! J’ai remporté plusieurs prix d’art dramatique avec félicitations du jury, sans omettre le Prix Pierre Cochereau pour l’élève le plus méritant.

Comment définiriez-vous votre style ?

Je n’ai pas de style de photos, mais je photographie l’humain en priorité et le monde de l’art contemporain, principalement le Nouveau Réalisme et l’École de Nice. Puis, j’ai des clichés de mes nombreux voyages autour du monde qui m’ont inspiré : USA, Canada, Russie, Corée du Sud, Japon, Croatie, Allemagne, Belgique, Suisse, Hollande, Espagne, Portugal, Maroc, Tunisie, Turquie, Italie… Puis j’ai beaucoup photographié mon mentor, Pierre Restany.

En deux mots, quel est votre lien avec l’École de Nice ?

Le mouvement artistique de l’École de Nice fut mon école de vie grâce à Ben, Jacques Lepage, Arman et Martial Raysse.

Vous êtes un amoureux des arts. Qu’est-ce qui vous y attire ?

Ce qui m’attire dans l’art, c’est le mystère, l’inconnu et ouvrir des portes à l’imaginaire et à la liberté d’expression, sans aucune contrainte académique, c’est-à-dire des redites. J’ai eu un choc en découvrant l’art naïf, en visitant une exposition consacrée au Douanier Rousseau et je n’ai eu de cesse de rendre hommage aux autodidactes, notamment en créant à Nice le Musée International d’Art Naïf. Sans omettre Les Rochers Sculptés de Rothéneuf réalisés par L’Abbé Fouéré à Rothéneuf, ou encore Le Facteur Cheval, qui reste aussi un symbole de liberté pour moi.

Quel type de photos sont visibles dans votre exposition ? Y verrons-nous des inédits ?

Je rends un hommage à Van Gogh, qui a vécu auprès des mineurs dans le Borinage, pays miniers en Belgique, qui est également un hommage à mes beaux-parents venus de Croatie, du soleil au noir de la mine. Mais aussi, à mes mentors, Pierre Restany, Jacques Lepage et André Verdet, et bien entendu à la seule femme de l’École de Nice, ma femme, Nivèse Oscari, car l’art est hélas misogyne… N’est-ce pas Mesdames ? J’expose également un cliché inédit de Marie Raymond, la mère d’Yves Klein.

Vous êtes également ambassadeur culturel pour Nice et avez reçu la médaille de la ville.

En fait, j’ai déjà été ambassadeur culturel de ma ville d’adoption, en organisant en tant que Commissaire des expositions autour du monde : Japon, Corée du Sud, USA, Maroc, Allemagne, Belgique, afin de promouvoir culturellement la Ville de Nice. Oui, je suis très honoré d’avoir reçu la médaille. J’ai deux rêves : nous sommes plusieurs à émettre le souhait de la création d’un musée sur les Nouveaux Réalistes afin d’exposer Yves Klein, Arman, César, Niki de Saint Phalle, Martial Raysse, et d’un musée sur l’École de Nice avec Ben en tête de liste.

Jusqu’au 5 fév 2023, Musée de la Photographie Charles Nègre, Nice. Rens : museephotographie.nice.fr

photo Une : Superposé Marie Raymond, La Colle-sur-Loup © Frédéric Altmann