14 Jan Catharsis collective
Ce fut un événement extraordinaire. En Afrique du Sud, en 1994, la population noire, longtemps victime du régime de l’Apartheid, propulse enfin au pouvoir Nelson Mandela, opposant historique.
Le nouveau président élu lance alors une Commission Vérité et Réconciliation qui a sans doute contribué à épargner un bain de sang à l’Afrique du Sud, libérée de l’apartheid. La personnalité de Monseigneur Desmond Tutu, archevêque anglican de Johannesburg, prix Nobel de la paix, qui l’a présidée, n’a évidemment pas été étrangère à la réussite de cette expérience d’amnis-tie. Une expérience aussi originale d’un point de vue juridique, bien qu’éprouvante pour les victimes (en majorité noires) et les bourreaux (blancs pour la plupart) du régime de discrimination raciale sud-africain. Le principe en était simple : bénéficieraient d’une amnistie tous ceux qui viendraient devant la commission « confesser » en quelque sorte leurs exactions – il s’agissait surtout de membres de la police qui avaient torturé, parfois tué, des militants des mouvements de libération noirs, principalement le Congrès national africain (ANC) de Nelson Mandela. L’amnistie des requérants était soumise à deux conditions : d’abord de ne rien omettre de leurs crimes et délits dans leur dé-position, ensuite d’avoir agi sur ordre de leur hiérarchie tout en croyant servir un « objectif politique » (une prétendue défense de la race blanche, par exemple).
Ma Peau, mon pays, mis en scène par Lisa Schuster, évoque cet épisode hors norme. Romane Bohringer y incarne Antjie Krog, poétesse et journaliste sud-africaine (blanche) qui a couvert pour la radio sud-africaine toutes les séances de la commission pendant les deux ans où elle y a siégé, de 1996 à 1998, moments qu’elle relatera dans l’ouvrage La Douleur des mots. Diouc Koma endosse quant à lui les rôles des protagonistes auditionnés, dont l’inoubliable Desmond Tutu…
28 jan 20h30, Les Arts d’Azur, Le Broc. Rens: lesartsdazur.net
photo : Mon Pays Ma Peau © Xavier Cantat