31 Jan Peintre de l’existentialisme
Il n’est jamais trop tard pour se lancer dans la photographie : Gilbert Garcin, notamment connu pour ses mises en scène existentialistes teintées d’humour noir, en est le parfait exemple, lui qui débuta sa carrière à l’âge de 65 ans, après avoir pris sa retraite !
Gilbert Garcin, le « papi de la photographie » ou le « papi de Marseille » comme certains le surnommaient affectueusement, est décédé en 2020 à 90 ans. Il fut d’abord entrepreneur dans la vente de luminaires dans la cité phocéenne, avant de se lancer sur le tard dans l’apprentissage de la photographie suite à un concours amateur qu’il remporte à Aubagne et qui lui permet de participer à un stage dans le cadre des Rencontres d’Arles.
Son œuvre photographique est anticonformiste : Gilbert Garcin échappe aux académismes, il oscille entre art naïf, voire brut, et sensibilité. Sa filiation la plus marquante est celle avec Jacques Tati ; le photographe enfile le manteau et le bob de Mr Hulot et devient un gag visuel. Ses travaux proposent une réflexion universelle et humble sur le cours de l’existence, grâce à des immersions oniriques qui questionnent le sens de la vie. Le photographe essaie de capturer le temps qui passe, de manière absurde et ironique, à la manière d’un Samuel Beckett blasé et fatigué de se cogner au réel.
Pour ce faire, il utilise un système lumineusement simple : une table recouverte de sable, des accessoires découpés dans du carton, un projecteur pour diffuser des diapositives : sa propre image ou celle de son épouse. « Monsieur G. », du nom de son avatar qu’il met en scène dans ses œuvres, manie le trompe-l’œil photographique en manipulant les échelles, en dirigeant des silhouettes découpées comme de véritables acteurs. Il privilégie le noir et le blanc car la couleur est plus proche de la réalité sensible, elle simule mieux le réel, elle amène au regard une quantité de détails susceptibles de disperser l’attention. Le noir et le blanc dramatisent, concentrent.
Gilbert Garcin, véritable « Tati en pardessus » capable d’élaborer des aphorismes visuels surréalistes, réalisera 400 œuvres en 20 ans et accèdera à une reconnaissance internationale. Au Lavandou, la Villa Théo rend hommage à cet artiste autodidacte et singulier, dans le cadre de l’exposition La drôle de gravité de Gilbert Garcin.
Jusqu’au 25 mars, Villa Théo, Le Lavandou. Rens: villa-theo.fr
photo: Gilbert Garcin, 1998, Le coeur de la cible © Gilbert Garcin, courtesy galerie Camera Obscura