
03 Fév La couleur formelle
À Mouans-Sartoux, l’artiste coloriste Didier Mencoboni déploie son travail en deux lieux : dans la ville avec une série d’œuvres qui apparaîtront et disparaîtront pendant les deux ans à venir, et à l’Espace de l’art concret (eac.) pour une exposition personnelle, La couleur presque seule.
Appliqué à la musique, à la littérature ou à la peinture, le terme de coloriste décrit le compositeur, l’écrivain ou le peintre qui a la capacité d’allier les couleurs, les choisir, en écarter ou en user jusqu’à composer une œuvre qui fasse sens et qui emporte l’auditeur ou le regardeur. Dans une volonté de sortir du cadre, aux sens propre et figuré, les peintres expérimentent depuis des décennies de nouvelles formes où la couleur est matière, sans limites, et appréhendée comme une addition de traits, de courbes et de points, empilés, juxtaposés.
C’est dans cette veine que s’inscrit le travail de Didier Mencoboni. Parmi ses séries, …Etc… est une suite entamée dans les années 1990. Sans début ni fin, elle est en suspension comme le sont les points. Il réalise ces tableaux petits formats quasi-quotidiennement, un fleuve expérimental qui le mène aujourd’hui à l’accumulation soignée de 2300 tableaux. Chaque exposition est l’occasion d’un nouvel accrochage de morceaux choisis et cette partition rigoureuse est en effet sans finitude, nourrie de ressources que l’artiste cultive à l’envi. L’une de ses récentes séries, Lux, également présentée à l’eac., est réalisée à la feuille d’or, dont la délicate particularité est d’être à la fois matière, objet et couleur.
Et puisque la couleur est une occupation de l’espace, il porte le principe à l’échelle 1 et déploie dans la ville et lieux publics mouansois, une série d’objets ordinaires à »activer » ces deux prochaines années : affiches, marque-pages, journaux, cartes postales et confettis seront les cinq variations qu’il accordera selon des tendances fluo : la couleur collée, la couleur entre les pages, la couleur repliée, la couleur dans la main et la couleur éparpillée. Ce dispositif de création en plein cœur de Mouans-Sartoux est initié par le Centre national des arts plastiques, et mené en partenariat avec la ville. Et c’est une nouvelle nuance apportée à la palette des actions menées par l’eac. Outre les temps de médiation, notamment pour enfants et familles (baby music, visites flash, yoga brunchs), l’établissement abrite depuis 20 ans un fonds d’œuvres exceptionnel, un officiel Trésor National, à visiter au détour d’une balade dans la forêt qui borde les lieux — une forêt qui abrite elle-même une récente œuvre sonore du musicien et artiste visuel Christian Vialard. Nous voilà cernés.
Jusqu’au 4 juin, Espace de l’Art Concret, Mouans-Sartoux. Rens: espacedelartconcret.fr
photo: Episode VII – A la vitesse de la lumière Galerie Eric Dupont 2008