![](https://www.la-strada.net/wp-content/uploads/2023/02/Julia-Biel-©-Jenna-Foxton.png)
28 Fév Une voix en noir et blanc
Chanteuse, compositrice, musicienne multi-récompensée d’origine britannique, Julia Biel rappellera, en mars à Cannes, combien la musique est universelle.
Julia Biel, c’est d’abord une voix. Ou parfois même plusieurs. Le timbre est différent dans le grave et l’aigu, et elle passe de l’un à l’autre sans rupture, sans à-coups, sans qu’on sente la frontière. Pourtant dans le haut du registre, elle est un peu acide, vulnérable, douloureuse parfois à vous faire dresser les poils… Et en bas du spectre, on l’entend bien plus large, qui résonne dans tout son corps, et dans celui de ses auditeurs. La voix du blues, qui tressaille, s’insère parfois entre deux notes sans qu’on sache laquelle elle a choisie, décidée, tremblée, oscillant sans hésiter…
Julia Biel est aussi guitariste et pianiste. Pianiste surtout, mais sans effet, sans « m’as-tu-vu ». Elle soutient son chant d’accords simples qui rappellent les folksingers des années 70, avec cette évidence corporelle qu’ont uniquement les vocalistes qui s’accompagnent eux-mêmes. Une intimité entre les deux sons qu’on ne trouve que s’ils proviennent du même corps, un placement spontané de l’un par rapport à l’autre qui se souvient de la danse: ils se chevauchent, se cèdent la place, s’esquivent avec une langueur sensuelle. Inclassable, elle se laisse frôler par le jazz en se gardant bien d’y sombrer, garde une rage contenue qui vient tout droit du rock, et fait la funambule en jonglant avec les étiquettes.
La musicienne d’origine anglaise vient de loin, son père d’Afrique du Sud, sa mère née en Allemagne, et sa carrière est déjà très riche, depuis Not alone en 2005. Elle chante en noir et blanc – Black and White est sorti en 2020 – des histoires nostalgiques et désespérées avec un fond lumineux qui les sauve du naufrage au moment où l’on croit tout perdu. Et les aventures se succèdent pour tisser une destinée de sirène : elle feint de tout se permettre (Licence to be cruel) sans cacher ses blessures (Broken little pieces). Cette poussière de diamant se produit en trio ou seule sur scène, avec une autorité fragile qui tient la salle sur un seul souffle, de bout en bout : Diamond dust ! Son 5e album, When if not now, sortira en mars.
9 mars 19h30, Théâtre Alexandre III, Cannes. Rens: cannes.com
Julia Biel © Jenna Foxton