« Le monde n’est qu’un grand théâtre »

« Le monde n’est qu’un grand théâtre »

Unique dans le département, le Printemps de la marionnette et des formes animées débarque à Scène 55, à Mougins, du 28 mars au 14 avril prochains. Chose rare pour ce type de théâtre, c’est une pièce du grand répertoire, La Tempête de Shakespeare, qui ouvrira le festival.

La Cie L’Arc électrique l’a bien compris lorsqu’elle a décidé d’adapter l’œuvre testamentaire du dramaturge anglais : l’art de la marionnette et le théâtre masqué se prêtent volontiers à la restitution de l’atmosphère magique de la pièce, car ici, « le discours central de l’œuvre n’est pas la seule intrigue, mais la puissance de l’illusion théâtrale et les motivations de celui qui la manipule« , indiquent les metteurs en scène et scénographes Selim Alik et Charlotte Gosselin.

Prospero, duc de Milan, se voit destitué par son frère Antonio avec l’aide d’Alonso, roi de Naples. Jetés dans une barque, sa jeune fille Miranda et lui échouent sur une île inhabitée. Lorsqu’Antonio, en voyage avec la cour de Naples, passe aux abords de l’île, Prospero fait chavirer son vaisseau avec l’aide magique d’Ariel, l’esprit de l’air. Une fois les naufragés à sa disposition, Prospero orchestre méticuleusement sa vengeance… Le sujet central de la pièce est donc moins la tempête et le naufrage qu’il provoque, que la folie du pouvoir. « La dramaturgie de Shakespeare sous-tend que le monde n’est qu’un grand théâtre dont nous ne serions que des acteurs, ou des marionnettes, manipulés par un grand « metteur en scène », ici en l’occurrence le magicien Prospero« . Et c’est là que les masques et marionnettes utilisés sur scène par les comédiens font sens, puisqu’ils entrent dans « un processus d’ensemble qui servira, pour le moins, à la mise en place des séquences d’actions fantastiques, oniriques et poétiques« , le tout dans une « approche multidisciplinaire combinant le jeu de l’acteur au masque, à différentes formes de marionnettes, d’arts visuels et de musiques. »

La Tempête, dont l’action se situe sur une île de terre sèche, dans un paysage aride qui évolue grâce à des variations de lumière, met en avant un autre concept, étroitement lié à celui du pouvoir : la liberté. Une notion qui résonne tout au long de la pièce, dans les actions de chaque personnage, et conduira notre « marionnettiste » Prospero à pardonner, pour se « délivrer » de la mission vengeresse qu’il s’était donnée… « Le dernier mot de la pièce – sans doute le dernier mot que Shakespeare ait écrit, est le mot libre« , soulignent ainsi les metteurs en scène, dont la pièce sera créée le 31 mars à Mougins.

Bref, cette Tempête constitue un excellent point de départ pour partir à la découverte de la programmation de ce nouveau Printemps de la marionnette et des formes animées, sur lequel nous reviendrons dans notre prochain numéro, et qui convie 7 sept compagnies nationales et internationales illustrant chacune à leur manière un art on ne peut plus en mouvement.

31 mars au 14 avr, Scène 55, Mougins. Rens: scene55.fr

photo : proposition de visuel La Tempête © Cie L’Arc électrique