L’ImpruDanse : fougue et générosité

L’ImpruDanse : fougue et générosité

Sept spectacles, dont un projet participatif, une exposition, une projection, un goûter philo, une club party en clôture… L’impruDanse célèbre la danse avec audace, du 7 mars au 1er avril à Draguignan.

« L’ImpruDanse permet de découvrir de nouveaux artistes. Il accueille également des compagnies reconnues qui viennent avec des pièces inédites comme cette année la Batsheva Dance Company que peu de villes auront le privilège de recevoir« , souligne d’emblée Maria Claverie-Ricard, directrice de Théâtres en Dracénie. Festival en constante évolution, L’ImpruDanse se présente comme une parenthèse généreuse dans sa programmation, d’autant que cette nouvelle édition bénéficie d’un projet participatif en lien direct le territoire. 

Un spectacle vivant, plus que jamais

Depuis septembre 2021, Nacim Battou est artiste associé à Théâtres en Dracénie : un statut qui lui permet de bénéficier d’une infrastructure de qualité pour mener à bien son travail de création tout en consolidant les liens avec le public. Il est d’ailleurs rapidement parti à la rencontre de ce dernier en mettant en place un projet participatif pour lequel il a invité une vingtaine de personnes non professionnelles à imaginer un spectacle découlant de Dividus, sa dernière création avec la Cie Ayaghma. Cette pièce intitulée Les Vivants sera présentée en préambule à Dividus. Le chorégraphe se questionne sur un monde où le spectacle vivant aurait disparu en convoquant le hip-hop qui se mêle à la danse contemporaine et au cirque.

Toujours dans la veine hip-hop, le chorégraphe Fouad Boussouf, à la tête de la Cie Massala, propose un ballet dont l’énergie contagieuse mène à la limite de la transe. Näss, qui signifie « les gens », suscite une belle communion avec le public. En unissant les musiques d’Afrique du Nord de son enfance à la culture urbaine, il ouvre de nouveaux champs d’humanité.  

Découvrir d’autres rivages

L’ImpruDanse offre aussi un voyage vers d’autres rivages. C’est le cas de Lamenta de la Cie Siamese. À l’origine de celle-ci, la rencontre du danseur belge Koen Angustijnen et de l’artiste franco-espagnole Rosalba Guerrero Torres, qui ont à cœur de développer des projets où se croisent les cultures. Pour Lamenta, ils ont réuni neuf danseurs grecs avec lesquels ils revisitent les différents états traversés lorsque survient une perte. Ils s’inspirent d’un rituel qui persiste dans l’Epire, au nord de la Grèce, où ils se sont rendus pour s’en imprégner et l’explorer sous un angle contemporain. Le résultat est une pièce puissante au cours de laquelle les danseurs révèlent leur capacité à aller au bout d’eux-mêmes. 

D’autres personnes prennent le large mais n’ont pas la joie au cœur. Tout au plus une lueur d’espoir et sûrement des rêves plein la tête malgré tout. Trois femmes, Florence Bernad pour la chorégraphie, Aurélie Namur pour les textes et Anaïs Massini pour les dessins, ont décidé d’aborder le délicat problème de la migration par le conte. Je suis Tigre met en scène deux enfants que tout sépare mais qui, par ingéniosité, parviennent à faire tomber les barrières de la différence. Une pièce à caractère familial abordable dès 6 ans. 

Plein feu sur la danse contemporaine

L’édition 2023 de L’ImpruDanse bénéficie de la venue de deux compagnies majeures dans l’univers de la danse contemporaine. Depuis une vingtaine d’années, Pierre Rigal explore une multitude de formes chorégraphiques avec un entrain infaillible. Il aime tester de nouvelles rencontres, s’entourer d’artistes d’horizons divers. Pour son dernier spectacle, il a fait appel à des interprètes hors pair pour se livrer au petit jeu du Hasard : une pièce imaginative et drôle dans laquelle les situations parfois déconcertantes ont les conséquences les plus surprenantes, pour le plaisir du spectateur ! 

Quant à la venue de la Batsheva Dance Company, elle ne doit rien au hasard. Elle vient présenter Momo, la toute dernière création de Ohad Naharin. L’inventeur de la méthode Gaga a libéré le geste et a permis l’émergence d’autres chorégraphes qui ont rapidement séduit l’univers de la danse contemporaine (Hofesh Shechter, Hillel Kogan, Sharon Eyal). Pour ce nouvel opus, il a travaillé en totale collaboration avec les danseurs auxquels il a laissé des espaces d’expression afin de se laisser surprendre par leur imaginaire. Il s’est également associé à Ariel Cohen, artiste performer et plasticien. 

Festival vivant par essence, L’ImpruDanse développe aussi des moments privilégiés comme les bords de scène. Il n’est pas rare de se poser des questions lorsque le rideau est tombé à la fin d’un spectacle : les échanges à l’issue d’une représentation permettent d’aller plus loin dans la connaissance des artistes. À voir également, l’exposition du photographe Guy Delahaye qui pendant 40 ans a photographié le travail des plus grands chorégraphes. Quelques-uns de ses clichés réalisés en argentique sont à découvrir du 7 mars au 30 juin. Et bien entendu, comme chaque année, le festival s’achèvera par une soirée au cours de laquelle le Hall du Théâtre se transformera en dancefloor.

7 mars au 1er avr, Théâtre de l’Esplanade & Auditorium du Pôle Chabran, Draguignan. Rens: theatresendracenie.com

photo : Dividus, Cie Ayaghma© Baptiste Alexandrowicz