Quand La Belle s’éveille à la vie

Quand La Belle s’éveille à la vie

Dans sa version de La Belle, Jean-Christophe Maillot a imaginé le plus long baiser de l’art chorégraphique. Plus que jamais, il marque le triomphe d’un retour à la vie !

Avec La Belle, présenté fin avril au Grimaldi Forum à Monaco, Jean-Christophe Maillot s’amuse à explorer l’univers du conte pour en capturer les nuances les plus complexes. Car loin des versions édulcorées dont on abreuve l’enfance, les contes, notamment dans les textes originaux écrits par Charles Perrault, explorent les facettes de l’individu dans ce qu’il a de plus sombre. Cette Belle ne s’achève donc pas sur les fastes d’un mariage comme la version de Marius Petipa l’avait institutionnalisée depuis 1890. Dans les deux premiers actes, le chorégraphe installe deux univers que tout semble opposer : celui du Prince est aussi tranché et angulaire que celui de la Belle est doux et maternel, avec toutefois des éléments qui permettent de passer de l’un à l’autre, répondant ainsi au refus d’offrir une vision manichéenne du monde.

La dernière partie révèle une suite souvent méconnue du conte. La Belle s’éveille sous le regard du prince et non par la magie d’un baiser chastement déposé. Celui-ci survient après, vécu comme un acte longuement partagé scellant la promesse d’une nouvelle réalité, d’un véritable engagement. Si le mariage est le passage obligé de l’histoire, il n’en constitue pas pour autant la fin mais une étape qui permet d’aborder la suite terrifiante du conte. 

S’emparant de la musique de Tchaïkovski écrite à l’époque en étroite collaboration avec Marius Petipa, Jean-Christophe Maillot conserve une unité musicale en l’enrichissant avec la partition de Roméo et Juliette pour chorégraphier son troisième acte. La première version de La Belle créée en 2001 fait partie des ballets narratifs qui ont contribué à la reconnaissance internationale de la compagnie monégasque. Mais le chorégraphe n’a jamais considéré ses créations comme des œuvres figées. Comme son art qui est celui du mouvement, il a la faculté de les faire évoluer et de les adapter à la sensibilité des danseurs et aux idées nouvelles des artistes qui l’accompagnent dans l’aventure. 

Pour les représentations qui se tiendront du 26 au 30 avril au Grimaldi Forum, la danseuse Étoile Olga Smirnova tient le rôle de la Belle. On y retrouve la scénographie imaginée par l’artiste plasticien Ernest Pignon-Ernest et les costumes de Jérôme Kaplan. Les Ballets de Monte-Carlo dirigés par Jean-Christophe Maillot séduisent depuis près de 30 ans car leurs qualités chorégraphiques et esthétiques sont sous-tendues par des arguments qui parlent à chacune et chacun : l’amour, la haine, le défi… La vie !

26 au 29 avr 19h30, 30 avr 15h, Grimaldi Forum, Monaco. Rens: balletsdemontecarlo.com

photo: La Belle © Alice Blangero

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