27 Mar Quelques choses à te dire
À Nice, Jérémy Lopez, Sociétaire de la Comédie Française, sera seul en scène et dans son humble nudité pour ramener progressivement à la vie un certain Max, dont quasiment plus personne n’a aujourd’hui connaissance.
Ce Max fut pourtant un pionnier du cinéma, premier comique du muet, acteur et réalisateur de plus de 600 films, première vedette mondiale au tournant des années 1910, acclamé partout : Max Linder. À travers un monologue infiniment délicat écrit par Stéphane Olivié-Bisson, aussi metteur en scène, Max remonte d’entre les morts pour braquer une dernière fois sa lumière sur ce que fut sa fulgurante existence. Il se raconte à Maud, sa fille qui aura grandi sans ses parents retrouvés morts dans une chambre d’hôtel, une nuit d’octobre 1925: Jeanne Peters, 19 ans, et son mari, Gabriel Leuvielle, dit Max Linder, 43 ans. Double suicide. Maud, bébé de 16 mois, quand survint le drame.
Dans un ultime come-back testamentaire, l’artiste fait défiler les plans-séquences de sa vie pour elle. Né en Gironde dans une famille aisée de vignerons, le Conservatoire, embauché chez Pathé, ses débuts dans de courtes scènes comiques. Puis la fameuse silhouette-signature, haut de forme, fine moustache et costume de dandy noir et blanc, canne et gants clairs. Ainsi apparait Max le séducteur, personnage dont les péripéties galantes se déclinent film après film. Le succès. L’argent. La gloire. Hollywood début des années 20. Charlot lui dédicace une photo : « À Max Linder, son élève et son disciple Charles S. Chaplin« … Mais, hors-champ le maître du burlesque ne rit pas vraiment. C’est un homme psychologiquement fragile, laminé par des phases de dépression sévère qu’une jalousie obsédante aggravera quand il épousera Jeanne. Écoutons Jérémy Lopez et/ou Max, qui se ressemblent tant physiquement, raconter la fin de l’histoire. Ils ont encore beaucoup de choses à dire à Maud…
5 au 7 avr 20h, 8 avr 15h, Les Franciscains – Théâtre National de Nice. Rens: tnn.fr
photo: Max © Giovanni Cittadini Cesi