Écrire, la force de l’engagement

Écrire, la force de l’engagement

Pour célébrer les 100 ans de conférences à Monaco, la Fondation Prince Pierre a souhaité honorer des personnalités emblématiques qui l’ont marquée. L’écrivain, journaliste, essayiste Jean-Marie Rouart interviendra, le 17 avril au Théâtre des Variétés, sur un thème qui lui tient particulièrement à cœur : Les écrivains répondent à notre aspiration profonde à la justice.

Né à Neuilly en 1943, Jean-Marie Rouart grandit dans une grande famille de peintres et de collectionneurs rattachés à l’Impressionnisme, et passionnés par l’art sur trois générations. Henri Rouart (1833-1912) nouera des amitiés avec Degas, Manet, Berthe Morisot. Puis Ernest Rouart (1874-1942) qui organisera des expositions marquantes pour asseoir ce nouveau courant pictural. Enfin, Augustin Rouart (1907-1997) s’en détachera en définissant un style que son fils Jean-Marie qualifie de « réalisme magique. »

Avec un tel héritage, ce dernier semblait bien parti pour manier le pinceau, mais en dépit d’un parcours scolaire difficile (« J’étais un cancre« , indique-t-il), c’est au stylo que Jean-Marie Rouart va s’intéresser dès son plus jeune âge. Cinq fois recalé au bac (« Je suis un miraculé de la culture générale… J’étais à côté des études normales, mais je dévorais des livres« ), 13 éditeurs refuseront son premier manuscrit. À croire que ces échecs en série ont fini par lui porter chance, car il reçoit le prix Interallié en 1977, et le prix Renaudot en 1983. Mais avant les succès littéraires et le prestigieux fauteuil d’académicien en 1997, il commence par le journalisme avec le Magazine littéraire, en 1967. Puis le Figaro comme journaliste politique. « Le monde du journalisme, c’est aussi le monde de la vie, c’est une confrontation aux problèmes de chaque jour, à une société qui vit avec ses intrigues, ses faiblesses, ses hommes avec leurs qualités, leurs défauts et je pense que pour un écrivain cela lui donne un univers auquel il participe et qu’ensuite il peut décrire, grâce auquel il peut comprendre tous les mécanismes de l’être humain. »

Ainsi en 1969, l’affaire Gabrielle Russier, jeune agrégée qui s’ôtera la vie pour avoir aimé son élève alors mineur, ou l’affaire Bodourian en 1974, sur fond de racket des parrains du pétrole. Et surtout, l’affaire Omar Raddad, quand en 1994, ce jardinier marocain se retrouve condamné à 18 ans de réclusion pour le sanglant assassinat d’une riche héritière dont, dès le début, il niera en être l’auteur. Jean-Marie Rouart, l’écrivain auteur d’une trentaine d’ouvrages dont de nombreux romans, engage alors sa conviction et ses mots dans la défense de l’homme. « J’ai tout de suite été convaincu de son innocence, je l’ai écrit, répété, crié… Ce déni de justice virait, chez moi, à l’obsession… » 30 ans plus tard, l’infatigable académicien ne renonce pas à vouloir établir la preuve de l’innocence du jardinier dans ce qu’il appelle un déni de justice. Omar, la fabrication d’une injustice (éd. Bouquins) paraissait en 2022.

Comme beaucoup avant lui (Voltaire, Balzac, Victor Hugo, Zola, Mauriac…), Jean-Marie Rouart exposera pourquoi certains écrivains entrent en lutte contre l’injustice, et plus largement répondent parfois dans leurs livres à une aspiration profonde: offrir un monde plus juste.

17 avr 18h30, Théâtre des Variétés, Monaco. Rens: fondationprincepierre.mc

photo: Jean-Marie Rouart © Laurent Guiraud

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