Que sera demain ?

Que sera demain ?

Spectacle du collectif (LA)HORDE – Ballet National de Marseille, sur une musique signée Rone, Room with a view débarque fin mai à Anthéa. Festivités des 10 ans du théâtre antibois oblige, une représentation supplémentaire est proposée !

Le 6 mars 2020, Room with a View, la première création chorégraphiée par Marina Brutti, Jonathan Debrouwer et Arthur Harel – trio du collectif de danse (LA) HORDE, à peine nommé en 2019 à la direction du Ballet National de Marseille – emballait les spectateurs sur les planches du Châtelet, à Paris. Pour les accompagner, Erwan Castex alias Rone, star de la musique électronique, qui leur avait proposé cette collaboration inédite. Interrompue en raison de la Covid, la troupe a depuis repris la route et fera halte au théâtre Anthéa, les 24 et 25 mai à Antibes.

Dans le décor blanchâtre d’une carrière de blocs de marbre rappelant un paysage de fin du monde, un garçon, flottant dans le blanc immaculé de son t-shirt étendard, s’acharne à faire tourner les pales de ses bras comme s’il cherchait à décoller. Face à lui, un essaim menaçant de danseuses et danseurs hétéroclites avance lentement. Tellurique, entêtante, la cadence techno de Rone se répand crescendo. Le ton est donné. Quel futur pour la jeunesse ? Portée par la tension d’une mise en mouvement spasmodique, chaque silhouette s’active, indifférente à l’autre. Puis, des duos, des « mini clans » se forment, se toisent, se défient, s’entrechoquent, convulsent. L’explosion de colère collective ne saurait tarder. Les corps sont à bout. Les voilà jetés à terre, trainés au sol, empilés, enjambés. Des cris retentissent.

Porte-parole d’une société en crise, cette jeunesse impétueuse danse la transe exu-toire de sa révolte, et nous assène sans ménagement, doigt d’honneur à l’appui, sa colère en pleine face. Celle d’une génération en danger. La rave party n’est pas fun. C’est un manifeste. Il y a urgence. La catastrophe climatique en cours en appelle à la mobilisation des corps, à l’éveil des consciences. N’y aurait-il donc plus d’espoir ? Et si tous ces corps désunis décidaient de faire corps ? Pour résister à la violence du monde. Pour conjurer la fascination morbide de l’effondrement qui leur est prédit. En-semble, rien n’est perdu. Il faut faire confiance à l’inaltérable force vive de la jeunesse. Ses ressources naturelles ne s’épuiseront jamais, elles. C’est ça la réponse aux défis sociaux et environnementaux de demain.

24 mai 20h30 & 25 mai 20h, Anthéa, Antibes. Rens: anthea-antibes.fr

photo : Room With A View © Aude Arago