27 Avr la Querelles des bouffons
Ce 26 mai 2023, en l’Église Saint-François-de-Paule, l’Ensemble Baroque de Nice terminera sa saison de concerts avec La Serva Padrona de Pergolèse, une œuvre qui marqua un tournant dans l’histoire de la musique en France.
Pour cette dernière prestation, honneur sera donné à Giovanni Battista Pergolèse avec son intermezzo La Serva Padrona, qui permettra à la soprano Isabelle Poulenard et au baryton Philippe Cantor de charmer le public dans une œuvre soutenue par un rythme trépidant. Composée en 1733, La Serva Padrona fut représentée au théâtre italien en 1746, mais c’est seulement six ans plus tard, lorsqu’elle fut reprise par une troupe itinérante transalpine à l’Académie royale de musique (aujourd’hui Opéra national de Paris), qu’elle déclencha la célèbre polémique esthétique et philosophique connue sous le nom de Querelle des Bouffons, opposant notamment Jean-Philippe Rameau à Jean-Jacques Rousseau, les défenseurs de l’opéra français à ceux de l’opéra italien. L’œuvre fut élevée au rang de symbole et devint le modèle absolu d’un style où l’imitation de la nature et la vérité de l’expression fusionnaient admirablement. D’autant que le sujet sous-entend le problème du conflit entre les classes sociales… Malgré les moyens réduits (deux voix solistes, un personnage muet, orchestre à cordes et basse continue), l’abondance des situations scéniques et psychologiques ainsi que la richesse et la qualité du discours musical qui en découlent sont considérables. Avec La Serva Padrona, Pergolesi a apporté sa précieuse contribution à la définition esthétique du style galant et du rococo. Un humour poli et délicat qui s’insinue avec discrétion dans les sentiments des personnages, en révélant les faiblesses et finalement l’intimité des êtres humains. Cette saison qui se termine célébrait les 40 ans d’activité de l’Ensemble baroque de Nice. Un moment important à souligner, car la bande à Gilbert Bezzina a su traverser ces quatre décennies sans médiatisation à outrance, prouvant que lorsque professionnalisme et qualité des programmations et des interprètes sont réunis, rien ne résiste au temps. Souhaitons donc encore longue vie à cet ensemble de première qualité, car, grâce à lui, de nombreuses œuvres musicales, parfois peu jouées, voire tombées dans l’oubli, sont remises à l’affiche.
26 mai 20h30, Église Saint-François-De-Paule, Nice. Rens: ensemblebaroquedenice.com
photo: Ensemble Baroque de Nice © Lionel Bouffier