Images de l’absence

Images de l’absence

À la Strada, les rédacteurs sont parfois bien plus que pigistes ! Si certains écrivent des romans et essais, d’autres font de la poésie ou du théâtre… Parmi eux, Brian Agnès pratique la photographie vernaculaire (celle d’un amateur, au quotidien), qu’il mêle la photographie documentaire et la photographie de rue. On peut actuellement découvrir son travail à Arles et à Nice.

C’est sa toute première exposition : Brian Agnès a été sélectionné pour participer au 3e Festival Professionnel de la Photographie Amateur d’Arles, qui a cette année pour thème Habiter, être habité.e. 54 photographes sont exposés, jusqu’au 31 mai, dans trois galeries : Actes Sud, Volver et Fisheye. C’est dans cette dernière qu’il présente 7 clichés issus de sa série Lorsqu’ils s’en vont (ce qui demeure), qui traite « d’un abandon définitif, d’une absence qui ne sera sûrement jamais comblée, sans retour possible« , explique-t-il.

Plus proche de nous, on peut également découvrir actuellement ses œuvres dans le hall de la Gare des Chemins de Fer de Provence avec 11 photographies de sa série Passé l’été. Un thème proche de celui abordé dans le Gard, mais dont le traitement diffère. « Passé l’été traite de la survivance d’un lieu touristique en dehors de la présence de ces touristes, avec en filigrane un sentiment de vide semblable à une petite dépression. Dans les deux cas, ce sont des lieux censés recevoir la vie, l’animation, la joie… qui en sont à un moment dépourvu. Je me posais la question de ce que deviennent les lieux lorsqu’ils n’assurent plus leur fonction de lieu de vie, mais deviennent pleins d’absence. Ont-ils encore un rôle à ce moment-là ou ne sont-ils que des décors en attente de figurants ? » Des clichés qui ne reflètent pas que l’abandon d’un lieu, mais aussi un état d’esprit. « J’éprouvais sûrement comme un sentiment de vide, d’inutilité au moment de produire ces images et ça m’a aidé à façonner la série, mais également à aller mieux. Cette expression de n’être là pour personne, de ne servir à rien et d’attendre le bon moment pour avoir une utilité… »

On y reconnait des coins familiers des azuréens, une majorité des images ayant été capturées sur le littoral méditerranéen entre Nice et Fréjus, tandis que la série « arlésienne » a en grande partie été produite dans l’arrière-pays niçois, les Alpes-de-Haute-Provence et l’Isère. Deux expositions à retrouver… avant l’été !

Jusqu’au 31 mai, Galerie Fisheye, Arles / Jusqu’à fin mai, Gare des Chemins de Fer de Provence, Nice. Rens: brian-agnes.com

photo: série Passé l’été © Brian Agnès