Carmen : ovation à l’Opéra de Toulon

Carmen : ovation à l’Opéra de Toulon

Bizet, décédé presque aussi jeune que Mozart, a laissé un chef d’œuvre : Carmen, l’opéra le plus joué dans le monde ! Or il ne l’a jamais su…

Lors de la Première, Parisienne, il fut reproché à sa partition, si riche en mélodies originales, d’être trop wagnérienne ! Après cet échec historique à l’Opéra-Comique, le 3 mars 1875, Bizet est si meurtri qu’il n’eut pas le temps de connaître quel succès mondial rencontrerait son chef d’œuvre par la suite… La même histoire, encore et toujours ! Cet échec, qui altéra gravement sa santé, le précipita trois mois plus tard vers la mort… Une fin prématurée, à seulement 37 ans, alors qu’un succès immédiat lui aurait certainement redonné force et vigueur, envie de vivre et de créer…

Le compositeur n’a jamais su quel triomphe absolu remporta Carmen à Vienne quatre mois après sa mort. Puis à Bruxelles, Londres, New York… Enfin, l’opéra de Bizet revint à Paris, mais un peu tard, pour ce qui fut appelé « La brillante réparation« … N’oublions pas qu’à New York, Enrico Caruso immortalisa le rôle de Don José le 19 novembre 1914 !

Cet opéra en 4 actes – le livret d’Henri Meilhac et Ludovic Halévy est inspiré de la nouvelle de Prosper Mérimée –, déjà donné à Toulon le 18 octobre 2012, fut programmé cette année jusqu’au 5 mai. Les musiciens de l’Orchestre Symphonique de l’Opéra, dirigés avec brio par le maestro Valerio Galli, ont excellé et embelli les heures flamboyantes, dramatiques et colorées d’une innovante mise en scène de Henning Brockhaus. 

Succès mémorable de la robe habilement déployée sur toute le larguer du plateau (costumes de Giancarlo Colis) pour masquer le changement des décors réalisés par Margherita Palli ! 

Danseurs, acrobates, castagnettes, émaillèrent cette nouvelle production de l’Opéra Royal de Wallonie, où Adriana Gonzalez fut particulièrement acclamée en Micaëla « hors catégorie et ce fut mérité ! », commentèrent amateurs, puristes et spécialistes. Les applaudissements récompensèrent diversement Anaïk Morel-Carmen, David Bizic-Escamillo, Eric Fennell-Don José et bien sûr le maestro Valerio Galli.

Des chœurs de l’Opéra, on retiendra la prestation et la voix de Sabrine Clavel incarnant une marchande, Pascal Delobel en Bohémien et Norbert Dol incarnant Moralès et Andrès, également applaudis.

Les 3 représentations données à guichets fermés, toutes les places ayant été réservées des mois plus tôt, furent couronnées par un immense succès… Et ce quelques semaines avant la fermeture, en juin, de l’historique maison lyrique pour travaux. 

photo : Carmen à l’Opéra de Toulon © DR