Sous contrôle : le paradoxe de la liberté

Sous contrôle : le paradoxe de la liberté

Le 11 mai 2023 se tiendra au cinéma Jean-Paul Belmondo, à Nice, l’avant-première du film Sous Contrôle. Primé au festival international du film de Bruxelles et nommé au festival du film indépendant de Montréal, le long métrage de Manuel Poutte explore des thèmes durs et poignants. Une projection suivie d’un débat avec l’équipe du film.

Sous Contrôle c’est l’histoire d’un homme qui sort tout juste de prison, remis en liberté conditionnelle avec port d’un bracelet électronique. Limité dans ses mouvements, il ne pense qu’à une chose : renouer avec son fils. Mais l’isolement qu’il subit, aussi bien physique qu’émotionnel, menace de le faire sombrer à nouveau. Il fait alors la connaissance de Rosana, une call-girl avec laquelle il entame une relation de soumission. Peu à peu, alors que les parts d’ombre des deux personnages se révèlent complémentaires, le film amène à s’interroger sur la solitude, le désespoir, la rédemption.

Le sexe est également l’une des thématiques centrales de l’œuvre, il représente un moyen pour les deux personnages principaux d’exprimer leur désespoir et, inconsciemment, de se venir en aide. Le réalisateur, Manuel Poutte, a ici voulu redéfinir la notion de surveillance, de la mise en image de soi par les sexcams. Ce concept, auquel les deux personnages s’adonnent, sert au réalisateur à dénoncer un mal-être des Hommes et de leur nécessité d’être vus. Cette surveillance, ici apparentée à une prison virtuelle et dénonçant la limite de nos actions sans présence de murs physiques, est représentée non seulement par la sexcam mais aussi par le bracelet électronique du personnage.  « Le bracelet électronique avait une valeur symbolique de contrôle général de la population et des individus en dehors de la prison« , précise le cinéaste. Un moyen de souligner que les technologies ne font qu’augmenter la surveillance permanente sous laquelle nous nous trouvons mais également de prévenir du danger que cela représente pour les libertés fondamentales. Le caractère en huis clos de l’œuvre renforce cette impression de manque de liberté puisque la grande majorité du film est tourné dans une villa – maison du personnage principal –, véritable allégorie de la vie de son propriétaire : vide et terne.

Dénonciation du manque de liberté, représentation du désespoir puis d’une rédemption, le film de Manuel Poutte, souligné par la bande-son originale des niçois Sébastien et Nicolas Clerc, évoque ainsi la noirceur de deux âmes humaines réunies par le « besoin vital de rester en vie », deux personnages interprétés par Martin Swabey et Camille Deleu, dont la performance a été saluée par le festival international du film de Bruxelles.

11 mai 20h, Cinéma Belmondo, Nice. Rens: cinemabelmondo.departement06.fr