Chapeau, Pointu !

Chapeau, Pointu !

Il y a des festivals comme ça qu’on ne peut qu’aimer tendrement. Le Pointu en est l’archétype. Imaginez un peu : deux scènes au nom éloquent – La Plage et La Pinède – proposant du rock indépendant depuis plusieurs années, dans un cadre magnifique. Et comme on s’adresse à des mélomanes, on envoie une affiche de malade.
Bienvenue au Pointu Festival.

Lété est arrivé. Son soleil, son Ricard, ses incendies de forêt. Face à cette accumulation de menaces, il est bon de se mettre près d’un point d’eau, la mer faisant parfaitement le job. C’est pourquoi Six-Fours prête depuis des années son île du Gaou pour le Pointu Festival. Les chaises longues et les rafraîchissements sont prévus pour éponger les litres de sueur que les watts vont faire dégouliner de votre corps enthousiaste pendant trois jours. 

Donc le chaos démarre le 7 juillet, et après Sorry, groupe alternatif britannique puisant dans le post-punk et le grunge, Frankie & The Witch Fingers, venus du fin fond de l’Indiana, alterneront savamment psychédélisme et garage avant de céder la place à la pop-rock-psyché de Kurt Vile – membre fondateur de The War on Drugs – qui vient accompagné de ses Violators pour vous faire un bon petit massage auditif du cerveau. Mais le nom qui risque de faire frémir l’amateur de rock en vous est bien sûr The Brian Jonestown Massacre. Déjà les mecs ont Brian Jones, premier guitariste des Stones, dans leur patronyme, signe d’un gout prononcé. Certes ils ont aussi celui d’un suicide collectif de 900 personnes, mais c’est un détail. Et surtout, bah c’est génial ! Après 30 ans de carrière, ils figurent tout en haut des groupes qu’on cite lorsqu’on parle de rock psyché et de shoegazing post-90. Faites confiance à la presse, allez-y. 

Enduisez-vous de Biafine et prévoyez votre citrate de bétaïne parce qu’on rempile pour le lendemain. Après la punk attitude de Billy Nomates, on fait un gros câlin de bienvenue à Meatbodies, mené par Chad Ubovich. Rien que ce nom devrait nous faire signer, mais quand on voit que le bonhomme est un ancien de Fuzz où il accompagnait Ty Segall, on se précipite. Ensuite, place à la douceur planante de l’excellent Kevin Morby qui va nous transporter tout loin, dans un mélange entre Léonard Cohen et Lou Reed. Enfin, les Viagra Boys se dresseront fièrement devant tous ces nouveaux prodiges de la post-punk, en mélangeant habilement la new wave avec le bourrinage inhérent au rock.

On garde des forces, c’est bientôt fini. Le dimanche permettra aux fans de coldwave et de dreampop de kiffer sur les tout jeunes Anglais de BDRMM. De quoi se mettre en jambe avant le shoegazing d’A Place to Bury Strangers, six albums et une place au soleil dans la besace. Changement de monde pour l’arrivée de Loyle Carner ensuite. Le rappeur britannique est un ovni dans le monde du hip-hop, et transmet dans sa musique sa sensibilité et ses influences pop. Enfin, on s’écarte avant de se prendre un coup de rangers dans la gueule car les membres d’IDLES arrivent sur scène. Originaires de Bristol, ils mêlent habilement punk-rock et garage pour un cocktail politiquement engagé extrêmement satisfaisant. Non seulement ça fait plaisir, et on peut même dire que cette programmation est vraiment très… pointue !

7 au 9 juil, île du Gaou, Six-Fours: Rens: pointufestival.fr

photo: The Brian Jonestown Massacre © DR