L’envol de Venet et les artistes primés

Vue de l'exposition Bernar Venet © DR

L’envol de Venet et les artistes primés

Comme chaque été, Le 109 propose une exposition dans la grande halle de 2000 m2, un endroit si propice aux installations artistiques inédites.

Lartiste Bernar Venet y donne à voir une sélection de ses toutes premières œuvres, comme la quintessence de ce qui adviendra ensuite : un succès propulsé aux États-Unis dans les années 60, et une reconnaissance de son œuvre largement encouragée, documentée et récompensée à travers le monde. Sous l’intitulé 1963 : un regard, 60 ans plus tard, voici l’histoire que cette exposition fige entre 1961 et 1963 : Bernar Venet cherche la piste de nouvelles formes artistiques et la trouve dans un amoncèlement informe de graviers mêlé à du goudron. L’objet est matière et vaut en tant que tel, dans sa forme, dans son éclat ou plutôt dans son absorption de la lumière, dans sa chute et dans sa cohérence fortuite. Venet épouse les fondements du minimalisme et de l’art concret, écrit une nouvelle grammaire du réel et du rationnel, où la forme est confrontée aux lois de la physique. Cartons enduits de peinture noire puis colorée, gravité et chute, linéarité et absence du geste de l’artiste au profit d’un geste mécanique, voire ouvrier… La production de l’artiste est particulièrement intense dans cette phase de germination et on touche à un pan de l’histoire de l’art. Cette visite prend son entière configuration, en allongeant le pas vers le nord de la grande halle de ces anciens abattoirs si pertinemment revivifiés depuis 2016, avec une exposition de trois artistes primés par la Ville de Nice et la Venet Foundation : A la volée. Deux femmes et un homme partagent ces espaces si vastes dans une scénographie dont ils ont souhaité garder la maîtrise. Mouna Bakouli, sculptrice et dessinatrice, présente notamment une installation vidéo, Projet de retraite : nous voilà spectateurs d’un paysage idyllique, lumineux et aquatique, qui s’avère être un ‘montage’, par le truchement des ombres portées d’objets du quotidien défaits de toute esthétique. Un leurre aux échos on-ne-peut-plus politiques. Johan Christ-Bertrand, artiste trempé dans la meilleure des essences de bois d’Alsace, questionne la peinture et y adjoint des images de synthèse. Il fait appel à plusieurs traitements picturaux, parfois hérités de savoir-faire artisanaux, joue avec les références populaires, et façonne ses œuvres savamment, jusqu’à ce flipper sonore abrité dans une armoire de vieille facture. Enfin, l’architecte et artiste Amentia Siard-Brochard considère l’espace et le temps via l’apparition d’images mentales particulièrement fortes, une poésie coup-de-poing, où l’espace fait le contexte, et d’où surgissent les formes qui nous traversent. Fait nouveau pour la Ville de Nice, au 109 en tous cas : des temps de médiation sont organisés par la municipalité avec des visites et des ateliers à la carte. Que voilà une bonne nouvelle !

Jusqu’au 2 sep, Le 109, Nice.a Rens: le109.nice.fr
photo: Vue de l’exposition Bernar Venet © DR