Coup de balai sur la création

Coup de balai sur la création

En 1924, Fernand Léger et le cinéaste Dudley Murphy donnent naissance à un film dadaïste post-cubiste Le Ballet Mécanique, première réalisation sans scénario, considérée comme un chef-d’œuvre du cinéma expérimental. 100 ans plus tard, Pierrick Sorin crée pour le Musée Fernand Léger une œuvre inédite qui lui fait écho sur le ton de l’humour : Le Balai Mécanique.

Pierrick Sorin, artiste vidéaste, metteur en scène et scénographe, est ce qu’on peut appeler un « anti-héros ». Fervent adepte de « l’auto-filmage », il aime se moquer de la condition humaine et de la création artistique. Inspiré par l’univers poétique de Georges Méliès et Jacques Tati, il aime créer des petits théâtres optiques qui mélangent d’ingénieux bricolages et des technologies nouvelles. On se retrouve alors comme des enfants devant des apparitions d’hologrammes parmi des objets réels. 

L’artiste a imaginé pour le Musée Fernand Léger une œuvre spectaculaire et immersive que l’on peut considérer comme tragi-comique. Pierrick Sorin partage une conception artistique proche de celle du peintre Fernand Léger. Il s’attelle à mettre en mouvement des objets de la vie de tous les jours, tout en leur donnant une dimension esthétique et chorégraphique. Dans une grande boîte noire, nous découvrons ainsi un balai de toilettes qui tourne et frotte les cordes d’une petite guitare, pendant qu’un balancier percute un trousseau de clefs, le tout accompagné d’images projetées et d’effets de lumières. « Mon travail présente un aspect intellectuel qui interroge l’activité artistique et offre, avec humour toutefois, une vision assez pessimiste sur l’humain, et un aspect plus enfantin, naïf, fondé sur la simple magie visuelle« .

Afin de bien comprendre l’univers qui rapproche les deux œuvres, le visiteur pourra en parallèle assister à la projection du Ballet mécanique de Fernand Léger, projeté dans l’auditorium du musée. On constate alors que Pierrick Sorin a parfaitement réussi son hommage à la modernité et l’inventivité qu’il souhaitait rendre à l’un des maîtres majeurs de la peinture, pionnier de l’avant-garde du XXe siècle.

Jusqu’au 15 déc, Musée national Fernand Léger, Biot. Rens: musees-nationaux-alpesmaritimes.fr
Vue de l’exposition © Michel Gathier