28 Juil Un grand bol d’air frais
Quittant la Côte d’Émeraude et Dinard, station balnéaire d’Ille-et-Vilaine, où il vit depuis 2012, François Ravard jette l’encre pour s’exposer sur la Côte d’Azur, au Musée Peynet et du dessin humoristique, à Antibes-Juan les Pins, jusqu’au 5 novembre.
Soit une distance de 1255,3 km pour venir présenter la centaine d’aquarelles numérisées qui croquent avec humour et poésie le temps qui passe et ces instants fugaces de la vie de tous les jours entre goélands, embruns iodés, remparts, bord de mer, sable, baigneurs bedonnants, vieilles dames et enfants rêveurs. Autant de visions communes qui nous sont si familières.
Né en Normandie en 1981, François Ravard sort son premier album, Le Portrait (Carabas) en 2005, après quatre années d’études en infographie. Illustrateur, aquarelliste et auteur de bande dessinée confirmé, il passe avec aisance et autant de plaisir d’un univers à l’autre : polars avec Nestor Burma et les Rats de Montsouris, albums jeunesse, dont la série Clovis & Oups, ou collaborations avec Fluide Glacial, Le 1 Hebdo, le magazine Bastille. Sa large palette lui vaut régulièrement des prix. Le dernier, en 2021, Pépite de la catégorie fiction juniors du Salon du livre jeunesse de Montreuil pour le roman Les Filles montent pas si haut d’habitude d’Alice Buteau (Gallimard jeunesse).
Retrouvons vite le Musée Peynet, car à l’heure où le pourtour Méditerranéen est en surchauffe, les aquarelles de François Ravard nous servent un grand bol d’air frais venu de Bretagne. Trait moelleux, couleurs délicates et changeantes au hasard de ciels nuageux traversés de pluies rieuses et de rayons de soleil hésitants. À travers ses personnages légèrement décalés, il parle de nous autres humains avec délicatesse et tempérance en réveillant la nostalgique rengaine de nos souvenirs d’enfance remplis de châteaux de sable et de maillots de bain humides : « Je ne peux m’empêcher, en arpentant nos plages chaque jour, d’imaginer la vie ou l’histoire de chaque vacancier. D’autant qu’ils sont maintenant en nombre ! Je m’amuse à tirer de chacun d’eux le meilleur… et parfois le pire, mais toujours avec tendresse. Une sorte d’instantané intemporel, une galerie de portraits de nos plages, où chacun saura retrouver tel ou tel tonton, cousine ou belle-mère… Une source d’imagination inépuisable ! » Ravard ne s’en cache pas, il a de fortes affinités avec Sempé. L’aquarelle choisie pour l’affiche de l’exposition qui représente un couple d’amoureux s’embrassant fougueusement dans une barque sans voir derrière eux l’immense vague qui va les engloutir, s’intitule Vague d’Amour… On plonge tête baissée. Michèle Nakache
1er juil au 5 nov, Musée Peynet et du dessin humoristique, Antibes. Rens: antibes-juanlespins.com
La Foule, ca 2020 ; Aquarelle gouachée ; 30 x 40 cm
Collection privée © DR