Bérénice, ou la force du renoncement

Bérénice, ou la force du renoncement

Après une première adaptation pour la Comédie Française en 2011, la metteuse en scène Muriel Mayette-Holtz, aujoud’hui directrice du Théâtre National de Nice (TNN), propose une nouvelle version volontairement actuelle du Bérénice de Racine, toujours avec Carole Bouquet dans le rôle-titre, comédienne avec qui elle partage une passion commune pour ce personnage féminin.

À l’instar de Phèdre (voir article Liaison fatale), cette tragédie de Jean Racine figure parmi les histoires d’amour les plus connues : Titus et Bérénice sont fous amoureux de longue date et souhaitent se marier. Lors de son accession au trône de Rome, à la mort de son père, le jeune homme se rend vite compte que le peuple n’acceptera jamais qu’une étrangère règne à ses côtés. Choisissant d’accomplir son destin, et de devenir l’empereur de la plus puissante civilisation du monde occidental, il renonce à Bérénice.

À l’écriture de la pièce, à la fin du XVIIe siècle, Racine refuse de tomber dans le topo classique de la tragédie amoureuse qui veut que les deux amants se suicident et lui préfère largement la grandeur de l’action et l’héroïsme de ses protagonistes. Dans cette adaptation, la metteuse en scène choisit justement de mettre la lumière sur l’héroïque Bérénice et les différentes phases qui retracent son parcours amoureux. Plus qu’une femme éconduite au profit du pouvoir, elle est une étrangère sur le sol romain, une amoureuse qui lutte pour imposer ses sentiments pour enfin, assurée de l’amour éternel que lui porte Titus, triompher du conflit et de la séparation. L’adaptation rend hommage au texte, à ses lapsus et autres mélodies du son qui font ressortir les incompatibilités et divergences entre les deux héros : quand l’un choisit de renoncer à son amour pour le pouvoir, l’autre place ses sentiments avant tout autre devoir. « C’est un texte que l’on voudrait remonter chaque année pour y traquer la contradiction des sentiments : comment dire ce que l’on tait ? Comment réfléchir avec le cœur ? Comment chanter en susurrant et jouer jusqu’à l’évanouissement ?« , note Muriel Mayette-Holtz.

Le spectacle interprété par la troupe du TNN, et qui lance la saison du théâtre niçois à La Cuisine, sera aussi de passage au Forum à Fréjus en octobre, puis au Liberté à Toulon en novembre.

4 au 7 oct, La Cuisine – TNN, Nice. Rens: tnn.fr
13 oct, Le Forum, Fréjus. Rens: theatreleforum.fr
15 au 17 nov, Le Liberté, Toulon. Rens: chateauvallon-liberte.fr

photo: Bérénice © Sophie Boulet

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