Liaison fatale

Liaison fatale

Georges Lavaudant présente à Anthéa, en ce début de saison, une adaptation moderne de l’œuvre de Sénèque, moins connue que la version de Racine, qui met en confrontation les deux mondes que sont celui de Phèdre et d’Hippolyte. 

Phèdre, en grec ancien Phaidra ou « la lumineuse », évoque aussi son ascendance – elle est la petite fille du Soleil – et renvoie au feu des passions, malédiction qui touche toute sa lignée. Son histoire ? Celle d’une femme qui épouse Thésée le roi d’Athènes, mais tombe amoureuse de son fils Hippolyte, né de sa précédente union avec Antiope, reine des Amazones. Un amour impossible, incestueux, qui détruira tous les protagonistes, et révèlera la noirceur du monde… Mythe de l’antiquité, Phèdre a été repris de nombreuses fois. Il nous reste principalement en mémoire les écrits d’Euripide, de Sénèque et de Racine. Pourtant, les deux premiers auteurs sont respectivement grecs et latins et leurs textent offrent une foule de traductions possibles.

Georges Lavaudant choisit de s’appuyer sur le texte de Sénèque, aujourd’hui moins représenté que celui de Racine, bien qu’il tende à être réhabilité, et sur la traduction qu’en donne Frédéric Boyer. « Mon désir de m’emparer de ce texte, tout à la fois poème et tragédie, s’est concrétisé d’une part lorsque j’ai pris connaissance de la traduction-adaptation de Frédéric Boyer […] Une traduction qui ne tente pas à tout prix – tendance trop habituelle – de tout ramener à aujourd’hui – cette maladie réductrice de l’actualisation, » indique l’immense metteur en scène français. Dans cette représentation de Phèdre, « toutes les facettes – même les plus obscures, les plus inavouables – de la passion sont explorées. » L’ensemble de la mise en scène se concentre sur le texte et sa mise en avant, bien que des coupes aient été opérées.

La direction artistique des acteurs a également beaucoup d’importance : Jean-Claude Gallotta, chorégraphie ici la « présence obsédante des corps, de leur matérialité, leur force, leur gaucherie, leur abandon. Leurs secrets. Leurs chutes. » Alors que ces mouvements s’inscrivent dans un décor épuré avec, sur scène, juste une toile de fond sur laquelle se dessinent parfois des ombres, « comme dans un théâtre oriental – mais réinventé« , conclut Lavaudant.

22 & 23 sep 20h30, Théâtre Anthéa, Antibes. Rens: anthea-antibes.fr
Phèdre © Marie Clauzade