21 Sep Voyage au coeur de l’Égypte antique
L’égyptologue et guide-conférencier, Sherif Adel, un habitué des reportages culturels pour la télévision égyptienne, française et allemande, propose, le 30 septembre au Campus Valrose Nice, une conférence sur Les mystères du Trésor Introuvable de Kheops. En avant-première, il nous dévoile quelques secrets sur la plus haute et la plus ancienne des pyramides, forte de ses deux millions de blocs de calcaire.
La civilisation égyptienne a toujours fasciné l’Occident. Comment l’expliquez-vous ?
Les Occidentaux avaient et ont encore la certitude que la Grèce est à l’origine des connaissances qui représentent les fondations de leur civilisation moderne. Or, découvrir que la Grèce n’est qu’un prolongement de l’Égypte antique a représenté un choc et une surprise totale. Cette surprise est l’explication de la fascination continuelle pour l’Égypte jusqu’à maintenant.
Par exemple, les archéologues et égyptologues se sont rendu compte que Pythagore avait étudié en Égypte et qu’il avait été boursier 30 ans à la bibliothèque d’Alexandrie. Thalès s’est inspiré des connaissances en géométrie pour ”inventer” son théorème.
Encore aujourd’hui les Européens sont fascinés par les connaissances d’une Égypte forte de plus de 4000 ans de règne et de son impact sur notre civilisation. En réalité, la civilisation occidentale repose, pour beaucoup, sur les savoirs égyptiens. Saviez-vous que notre calendrier vient des Égyptiens et non des chrétiens ? Figurez-vous que les scribes n’étaient pas d’accord entre eux au sujet de la notification des années bissextiles. Certains ont même manifesté ! Jules César a choisi l’un des deux calendriers des Égyptiens. Puis au 16e siècle, le pape Grégoire XIII a opté pour le 2e en incluant les années bissextiles une fois tous les quatre ans.
Qu’est-ce que les Grecs ont apporté aux Égyptiens ?
La civilisation égyptienne commençait à décroitre et des mercenaires grecs ont intégré l’armée. Avant leur entrée, la monnaie n’existait pas. Les Égyptiens étaient payés en biens matériels comme des tombes, des sarcophages, des médailles, des oies, des canards, de la bière… Or les Grecs voulaient de l’argent. Ce sont eux qui ont introduit la monnaie qui s’appelait le « Bel-or”. Puis au 8e siècle avant JC, les étudiants et les commerçants grecs se sont installés en Égypte pour travailler et étudier les mathématiques et l’astronomie. Des touristes venaient déjà admirer les pyramides. En fait, la Grèce Antique a vécu le même engouement. Les grands philosophes, scientifiques, poètes et mathématiciens grecs rentraient d’Égypte entièrement transformés.
Est-il vrai que le mathématicien, Thalès, a élaboré son théorème en calculant la hauteur de la pyramide de Khéops alors que ces calculs étaient connus des Égyptiens et des Babyloniens ?
C’est absolument vrai ! il n’a rien inventé. Thales, avant de venir en Égypte, était commerçant. Ses séjours en Égypte l’ont totalement transformé, et il est devenu philosophe, architecte et mathématicien. La pyramide de Khéops date de -2780 à -2700. Thalès y est allé vers -650. Un autre exemple des avancées est le fameux papyrus de Rhind, long de plusieurs mètres, acheté en 1858 à Louxor. Sur celui-ci, le scribe Ahmès a listé une série de problèmes mathématiques et de tables de fraction. Or, ce papyrus a été écrit en -1550 et les mathématiciens européens ont découvert ces mêmes problèmes vers 1500, soit 2000 ans après !
Pensez-vous qu’il existe un trésor caché dans la pyramide de Khéops ?
Oui, il y a un immense trésor caché… Et c’est la construction de la pyramide en elle-même. Dans l’ancienne Égypte, l’âme des défunts était enterrée sous la terre au fond des mastabas, là où le soleil se couche. Les sépultures royales étaient creusées sous la terre, sous les mastabas et les pyramides au fond d’un puits profond qui renferme le sarcophage. Dans la centaine de pyramides répertoriées, les archéologues ont trouvé des bandelettes, des momies, des corps, des poteries, des trésors… sauf dans la pyramide de Khéops où il n’y a strictement rien. On pense que c’est un leurre et qu’il s’agissait de faire croire que la pyramide avait été pillée, et donc que la pyramide de Khéops n’ait jamais renfermé de véritable chambre funéraire. Mais peut-être que ce trésor existe bien et qu’on ne cherche pas au bon endroit…
Khéops était-il le plus puissant des pharaons de l’ancienne Égypte ? Son ou ses épouse(s) bénéficiaient-elles de la même aura que Khéops du temps de son règne ?
Non, Khéops n’était pas particulièrement puissant et ce n’était pas un colonisateur. Il était plutôt un pacifique et n’a régné qu’en Égypte. Mort en -2566, on a retrouvé peu d’éléments sur sa vie. L’histoire de l’Égypte est divisée en 3 grandes périodes : l’ancien, le moyen et le nouvel empire, avec 30 dynasties de Rois, et s’étale sur plus de 4000 ans d’histoire. C’est le double de la civilisation judéo-chrétienne ! L’Égypte n’est devenue un véritable empire que sous les rois du Nouvel Empire, 1200 ans après Khéops. C’est pourquoi on ne peut pas considérer Khéops comme un des rois les plus puissants. En revanche, d’un point de vue scientifique, l’Égypte était très puissante au niveau spirituel, intellectuel et scientifique.
Quant aux épouses royales, elles étaient vénérées, aimées et estimées. La seule femme qui a été reine, c’est Néfertiti. Il y a eu énormément d’épouses royales puissantes qui ont régné, mais elles ne portaient pas le titre de Pharaon, car nées femmes. Il faut savoir que lorsqu’un roi monte sur le trône, il passe du statut d’humain à celui de demi-dieu. En décédant, il devient divin s’il a accompli, lors de son règne, un certain nombre de tâches comme protéger le Nil de la pollution, protéger les frontières et les plus faibles… Ses épouses, elles, restaient des humaines. Il y a donc une différence de rang lié au genre. Chez les nobles, paysans, commerçants, etc., il n’y en avait pas. Le Roi devient Dieu, mais pas sa femme.
Comment la culture antique égyptienne est-elle perçue par les Égyptiens d’aujourd’hui ?
Depuis 30 ans, le peuple égyptien souffre de l’invasion culturelle de l’islam radical. 6 millions d’Égyptiens travaillent dans les pays du Golf et reviennent imprégnés de cette culture islamiste extrémiste. Pour eux, les Égyptiens anciens sont des mécréants. Même s’ils sont fiers d’être des descendants d’une civilisation aussi riche, ils ont pitié d’eux, car les Égyptiens, du temps des Pharaons, n’ont pas connu l’islam qui est la seule et unique voie vers la vérité absolue. Il faudrait que notre histoire soit davantage enseignée dans les écoles et universités. Nos 4000 ans d’histoire sont balayés. La conquête des Arabes est considérée, non pas comme une invasion, mais comme une libération. Notre histoire est revue et corrigée par les islamistes.
Quels sont les grands thèmes que vous allez traiter lors de votre conférence ? Pouvez-vous nous dévoiler quelques secrets en avant-première ?
J’aborderai des sujets qu’on ignore de l’Égypte ancienne et d’autres qui relèvent du fantasme. Bien entendu, je parlerai de l’étendue des connaissances scientifiques du plateau de Gizeh et pourquoi la pyramide de Khéops est considérée comme une des merveilles du monde.
Une belle et riche conférence en perspective où la Consule d’Égypte, Heidi Serri, sera présente.
30 sep 15h-18h, Campus Valrose, Théâtre du Grand Chateau, Nice. Rens: newsroom.univ-cotedazur.fr