Dans les pas de Bintou Dembélé

Dans les pas de Bintou Dembélé

Une expérience comme on en vit peu grâce à un spectacle comme on en voit rarement ! En collaboration avec le TNN, Anthéa propose de découvrir G.R.O.O.V.E., une déambulation de près de 3h, à travers les différents espaces du théâtre antibois, pour partager l’itinéraire d’une chorégraphe engagée, Bintou Dembélé.

Bintou Dembélé est tombée dans le hip-hop alors qu’elle n’avait qu’une dizaine d’années. Depuis, elle ne l’a plus jamais quitté, le portant sur la scène de l’Opéra de Paris ou l’utilisant comme fer de lance de ses engagements. Sa dernière création lui permet de conforter les 20 ans d’existence de sa Cie Rualité (jeu de mots entre rue et réalité). G.R.O.O.V.E., qui a fait l’ouverture du Festival d’Avignon 2023, répond à la volonté de faire entrer le spectacle de la rue dans l’institution, mais aussi de partager collectivement une traversée dans les méandres d’un lieu et d’une histoire, notre histoire, plus que jamais chargée d’une actualité brûlante. 

Au cœur de spectacle en mouvement, des courts-métrages explorent la mémoire des danses de rue à travers le monde, la façon dont cette culture s’est construite. L’un d’eux, Ceci n’est pas une performance, signé de la chorégraphe brésilienne Ana Pi, rappelle notamment que la plupart des pratiques issues de la rue étaient portées par une lutte sociale, opposant une réponse à un état de fait, tel le hip-hop face au racisme ou le booty shake face à la misogynie. Tout au long de la déambulation, les temps forts se multiplient. On y retrouve de manière détournée certains extraits des Indes Galantes, dont la version proposée en 2019 à l’Opéra de Paris a connu un succès tant auprès de la critique que du public. Au fil de ce parcours pluridisciplinaire, l’envoûtement est certain comme lors de cet instant suspendu au cours duquel la chanteuse camerounaise Celia Kameni rend hommage à Nina Simone. Là-bas, la guitare de Charles Amblard déstructure la musique baroque. Plus tôt, une scène choc de pendaison aura rappelé les convictions de l’artiste dans son approche des cultures liées au marronnage. Plus tard et ailleurs encore, des danseurs se déploient dans une marche aux airs de procession solennelle. 

Tout converge vers le tableau final, véritable déferlement d’énergie issue de la diversité de la danse urbaine où se côtoient krump, kuduro, popping, voguing ou encore galala : un appel à la vie auquel même le plus maladroit des spectateurs ne pourra pas résister à y participer.

12 oct 20h, 13 & 14 oct 20h30, Anthéa, Antibes. Rens: anthea-antibes.fr & tnn.fr

photo: G.R.O.O.V.E., Bintou Dembélé © Christophe Raynaud de Lage