03 Oct Rachmaninov, le patron !
L’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo poursuit son hommage à Rachmaninov, dont on célèbre en 2023 le 150e anniversaire de la naissance, avec, en octobre, trois des quatre concerts symphoniques à l’affiche cette saison. L’occasion de voir à l’œuvre Simon Trpceski, pianiste accueilli en résidence à Monaco.
Jeune quarantenaire macédonien, Simon Trpceski est « l’un des pianistes les plus appréciés et dont la « singularité » est étonnante. Chacune de ses interprétations est un moment unique et exaltant. Il est l’un des artistes capable d’amener le public au paroxysme de l’émotion« , indique avec enthousiasme Kazuki Yamada, directeur musical de l’OPMC. Pour son premier concert monégasque, le 8 octobre, il s’attaquera à l’une des œuvres phares de Rachmaninov : le Concerto pour piano n°2 en do mineur, op. 18, sous la direction musicale de Dmitry Matvienko. Création particulière dans le parcours du compositeur russe, elle surviendra près de 3 ans après l’échec cinglant de sa 1e Symphonie (on dit que le chef aurait été saoul lors de la première !) et conclura… une thérapie par l’hypnose ! C’est en effet son neurologue Nicolas Dahl qui lui conseillera d’écrire ce concerto pour s’extraire d’une terrible crise de confiance et de créativité. Un conseil avisé puisqu’il composera en 1901 ce Concerto n°2, sans doute le plus populaire de la série. On retrouve d’ailleurs son thème dans le film de Billy Wilder, Sept ans de réflexion, avec Marylin Monroe, tandis que le 2e mouvement est à la base de tubes comme All by Myself d’Eric Carmen ou Life on Mars? de David Bowie, c’est dire !
La semaine suivante, Evgeny Kissin prendra la place du pianiste macédonien pour (très logiquement) interpréter le Concerto n°3, sous la direction de Kazuki Yamada. Considérée comme l’une des œuvres les plus périlleuses du répertoire pianistique, et demandant une très grande virtuosité, Rachmaninov voulait en faire une « carte de visite » indiquant en quelque sorte : « C’est qui le patron ?! » Mais le patron se saccagera les doigts lors de la première à New York en 1909, incapable alors de proposer un rappel… À Monaco, le public pourra aussi écouter la Symphonie n°3, la dernière du compositeur russe. Et visiblement, celui-ci aimait la difficulté, puisqu’il inscrivit en bas de sa partition, achevée en 1936 : « Fini ! Dieu soit loué ! » Souhaitons donc du courage au pianiste russe, naturalisé israélien en 2013… Même si cela ne devrait lui poser aucun problème, lui qui interprétait déjà à l’âge de 12 ans deux concertos de Chopin avec le Philharmonique de Moscou, pépère !
L’ultime concert hommage de ce mois d’octobre mettra le pianiste italien Francesco Piemontesi et le chef tchèque Tomas Netopil aux prises avec la Rhapsodie sur un thème de Paganini, considérée comme une expression ultime et emblématique du romantisme tardif de Rachmaninov.
8, 15 & 21 oct 18h, Autidorium Rainier III, Monaco. Rens: opmc.mc
photo: Simon Trpceski © B. Ealovega – KulturOp