Un automne en images c’est trop court

Un automne en images c’est trop court

Emboîtant le pas à l’impressionnante exposition de photographies contemporaines, L’Image Satellite, la chair et la pierre, audacieusement montée par le Sept Off dans la Grande halle du 109 et visible jusqu’au 14 octobre, l’Automne de l’Image, saison dédiée à la diffusion d’images fixes (photo) et animées (cinéma, vidéo) suit son cours avec des courts-métrages dans une très dense programmation proposée par l’association Héliotrope : Un festival c’est trop court !

De l’eau a coulé sous les ponts du Paillon qui borde le 109 depuis la 1e édition de l’Automne de l’Image, il y a un an. D’abord, le collectif La Bande Passante dispose désormais de bureaux sur ce site pluridisciplinaire. Mieux, les 9 associations qui la composent ont installé un lieu d’accueil et de projection au 109, la salle Pop up. Pour Laurent Trémeau, directeur artistique du festival du court-métrage très impliqué dans les avancées du collectif, il s’agit « d’investir cette salle, de programmer autant que possible pour sauver le principe même de diffusion pendant cet Automne de l’image« , car le contexte niçois actuel est plutôt heurté par la fermeture de plusieurs lieux culturels. « Cette salle éphémère [qui redeviendrait atelier d’artiste au lendemain du 3 décembre, ndlr] est totalement modulable pour organiser des projections, ateliers et rencontres… On va tester toutes les possibilités d’accueil pendant le festival. Nous investissons aussi le cinéma Belmondo, la bibliothèque Louis-Nucéra, la salle des Franciscains, le cinéma Rialto et, pour la première fois, le cinéma Variétés. On va tenter de faire vivre le cinéma dans la ville. »

L’association Héliotrope n’en est pas à son coup d’essai avec cette 23e édition du festival de courts-métrages. Le CNC (Centre national du cinéma et de l’image animée) référence l’événement en catégorie 1, ce qui est la garantie d’une avant-première nationale et de la mise en compétition des films sélectionnés, ici à l’échelle européenne.

Apprendre à regarder les images

Et malgré une subvention municipale rehaussée pour consolider l’éducation à l’image, le modèle économique reste fragile : « La Ville de Nice est présente, avec ses services, la Cinémathèque, et l’adjoint à la culture Robert Roux. Mais la part de subvention [municipale] reste insuffisante au regard de notre positionnement. Nous sommes régulièrement cités parmi les 15 festivals de courts-métrages les plus importants en France. Et pourtant…« 

Mais l’éducation à l’image est encouragée, et c’est un volet déjà très développé par Héliotrope, avec des actions auprès des plus jeunes, tout au long de l’année. « En 25 ans d’activités, on a fait découvrir et formé beaucoup de gens, qui sont parfois devenus professionnels, partent puis reviennent à Nice, seront réalisateurs, projectionnistes, programmateurs de salles, graphistes… » Gageons qu’au moins, ils auront appris à décrypter les images – c’est l’un des objectifs principaux de ces actions –, et qu’ils seront davantage enclins à combler les salles obscures. « Pendant le festival, on déploie trois propositions. Les séances scolaires s’adressent à 2000 enfants et jeunes de la maternelle au lycée, avec des programmes conçus pour eux. Les ateliers se déroulent dans la salle Pop up avec notamment la table mash up qui permet de faire du montage de manière simple et ludique. Enfin, la Journée cinématographique permet à des collégiens et lycéens de rencontrer des professionnels qui parlent de leur métier et échangent avec eux.« 

Filière du court

Rendez-vous de taille, le Nice Short Meeting se déploie au fil des éditions, en partenariat avec la Commission du film Alpes-Maritimes Côte d’Azur et la Chambre de commerce et d’industrie de Nice Côte d’Azur (CCINCA). Ces journées professionnelles permettent de développer la filière du court-métrage : « Tous les festivals comme Cannes ou d’autres bénéficient d’un temps et d’un lieu où des acheteurs et des diffuseurs voient des films. Mais le court-métrage n’a pas ça. C’est pour cette raison qu’on développe le volet professionnel, d’une autre manière avec des ateliers et des rencontres.« 

Compétition européenne et Nuits hors compét’

La compétition officielle présente 81 films issus de 22 pays européens, de 102 cinéastes dont 42 réalisatrices. Hors compétition, les séances thématiques sont déclinées en Nuits, un clin d’œil à La Nuit Américaine de François Truffaut, dont les 50 ans sont célébrés cette année. 

La Nuit Électrique associe les savoir-faire et penchants musicaux de Panda Events et UCArts pour un ciné-concert ardemment souhaité par Laurent Trémeau : Julie Roué et Louise Belmas proposent une lecture féministe, pop et ironique de Malombra (1917) de Carmine Gallone : « J’ai pu voir ce ciné-concert à La Rochelle : ça commence par une lecture, puis intervient le clavier. Et, au fil du jeu et de la projection, la salle évolue d’un public assis à un public debout, un phénomène plutôt rare !« 

Pour la Nuit de la Danse, aux Franciscains, c’est en partenariat avec la Cie Humaine, dirigée par le chorégraphe Eric Oberdorff, le Théâtre national de Nice (TNN) et UCArts que Bintou Dembélé, figure majeure de la danse hip-hop en France sera accueillie : « Elle est programmée par Anthéa avec sa performance G.R.O.O.V.E., et on pourra la retrouver dans un échange privilégié avec Catherine Ceylac, pour une Conversation intime, rendez-vous mensuel du TNN. Enfin, Eric Oberdorff présentera une sélection de courts-métrages avec le Nice Dance Film. »

La Nuit de l’Animation est celle d’une avant-première proposée par le Cinéma de Beaulieu (en projection grand public), avec une seconde projection à Nice, au cinéma Rialto (pour les scolaires), Linda veut du poulet ! « C’est notre seul long-métrage et je pense qu’on en entendra beaucoup parler [sortie le 18 octobre] : c’est l’histoire d’une petite fille qui veut cuisiner du poulet et qui court la ville pour en trouver, un jour de grève. La mixité et les envies simples rejoignent parfois de grands combats. Un très beau film de Chiara Malta et Sébastien Laudenbach – et lui sera là !« 

La Nuit blanche se déroulera en deux temps. D’abord, la battle – une joute de films courts entre deux invités avec palmarès à l’applaudimètre : « Esteban des Naïve New Beaters, qui a réalisé une quarantaine de films, sera face à Jean-Benoît Ugeux, un Bruxellois… Bref, on va rigoler !« , commente-t-il en riant d’avance. « Et comme au 109, on a la possibilité de programmer des soirées qui finissent tard, cette séance en duel sera suivie d’un DJ Set avec David Boring. »

Avec la soirée Bleue de Nuit, le festival propose une carte blanche à son confrère de Brive qui célèbre ses 20 ans. La soirée sera présentée par Maguy Cisterne, secrétaire générale du Festival de Brive, avec The Amusement Park de George A. Romero (1973), « le réalisateur de la Nuit des morts-vivants, un film rare qu’on pensait perdu, mais il a été retrouvé en 2019, restauré et sorti en salles en 2021« , et Dementia de John Parker (1955). Un programme frissonnant.

Enfin, « la Nuit du vendredi 13, qui n’a rien de fantastique, sera celle du palmarès« , après les projections des films en compétition dans la semaine, au cinéma Variétés. « Après cette cérémonie, on rejoindra Le 109 pour une soirée organisée par UCArts, en partenariat avec Panda Events qui fait venir le rappeur Benjamin Epps, dans la Grande halle. Ce n’est pas notre programmation, mais on l’inclut à notre communication, parce qu’on veut se mêler à la fête !« 

AUTOMNE DE L’IMAGE 2023
L’Image Satellite : jusqu’au 14 oct (sept-off.org)
Un Festival C’est Trop Court ! : 6 – 13 oct (ufctc.com)
La Mostra brésilienne : 14 oct (casa-doc.fr)
Rec.forward : 23 – 28 oct (rec-forward.fr)
Hommage à Paul Vecchiali : 10 – 12 nov (cinemasansfrontieres.fr)
Festival du Cinéma Social : 15 – 16 nov (festivalducinemasocial.com)
OVNi Festival : 17 nov au 3 déc (ovni-festival.fr)
Rencontres Cinéma & Vidéo : 23 – 25 nov (regardindependant.com)
Rens: automnedelimage.com

photo: Laurent Trémeau, directeur du festival, lors de l’édition 2021 © Héliotrope