Sous les Bigaradiers, les femmes !

Sous les Bigaradiers, les femmes !

Jazz au féminin, Jazz & cooking… Voilà les deux fils rouges définis par Alex Benvenuto et Laurent Lapchin pour l’édition 2023 des rencontres Jazz sous les Bigaradiers à La Gaude, du 28 octobre au 15 novembre.

Durant près de deux semaines, on pourra se lécher les babines avec un apéritif-déjeunatoire, lire et saliver avec le mini-salon du livre gourmand, et en parallèle, écouter un éventail de musique jazz très diversifié, avec notamment une magnifique sélection de jazzwomen vivant en France : Sophie Alour, Anne Pacéo, Céline Bonacina et Géraldine Laurent. La preuve qu’enfin les femmes sont reconnues et occupent une place de choix, dans ce monde du jazz longtemps demeuré presque exclusivement masculin, et qui, avouons-le, reste encore quelque peu macho. Heureusement, les choses changent, lentement peut-être, mais elles changent : on entend de plus en plus de musiciennes qui illustrent tous les instruments de l’orchestre, plus seulement ceux qui naguère étaient considérés comme « féminins ». Ainsi, pourra-t-on écouter une batteuse et trois saxophonistes, sur trois tuyauteries de registres différents : un saxophone ténor, un baryton et un alto. Les quatre artistes ne se produiront pas ensemble, mais elles se connaissent bien : toutes en effet font partie du Lady all stars de l’organiste Rhoda Scott, cette organiste américaine qui à 85 ans continue une carrière incroyablement pétulante.

Le 2 novembre, c’est à Cannes que l’on écoutera le quartet de Sophie Alour (sax ténor) et Anne Pacéo (batterie), qui conjugue l’expérience de ses deux fondatrices : Sophie possède un beau son plein, qu’elle a rodé tout d’abord dans de grands orchestres, mais qui depuis quelques années se fait surtout remarquer dans de petites formations qui la mettent très en vedette. Quant à Anne, c’est l’une des représentantes majeures de la batterie en France : une frappe sèche, précise, et qui se souvient s’être mêlée à de nombreuses percussions lointaines d’Afrique de l’Ouest, ou plus encore d’Extrême-Orient.

Le lendemain, retour à La Gaude avec Céline Bonacina au sax baryton : registre bas et sonorité large, mais qui sait s’élever avec douceur et légèreté. Un répertoire renouvelé par les dernières compositions qu’on entend sur son dernier album, Jump, qui évoque parfois un vieux rhythm’n blues au swing contagieux. Elle invite pour ce concert Nguyên Lê, guitariste au son hypnotique, inimitable, qui avait produit, mixé et co-composé son premier disque il y a déjà 13 ans. On aura donc droit à une rencontre imprévue et une vraie prise de risque tout en improvisation !

Puis le 4 novembre, place à Géraldine Laurent, certainement l’altiste la plus remarquable qu’on ait connue depuis longtemps. Elle viendra nous jouer Cooking, projet dans la tradition du hard bop dont le nom rappelle un grand disque de Miles Davis, et qui résonne avec l’autre thématique du festival : la cuisine. Et pas de mauvais esprit ! On ne verra pas dans cette juxtaposition une association douteuse. Allez l’écouter avec Paul Lay, le plus captivant pianiste apparu en Europe ces 10 dernières années…

Enfin, autour de ces vedettes, on aura un beau panorama des musiciennes qui vivent dans la région. : en particulier la pianiste Nathalie Ballarini et la harpiste Rossitza Milevska. Bien entendu, ces messieurs seront aussi de la partie, avec les italiens de The Sonny Side, le Galerie Jazz Syndicate, le quartet de la Cie So What, ou encore le Philippe Brassoud Duo

21 Oct au 2 nov, La Gaude & Cannes, lieux divers. Rens: assowhat.org
photo: Sophie Alour © Jean-Baptiste Millot

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