
31 Oct La femme n’existe plus
Titre provocateur pour la pièce de théâtre de Céline Fuhrer et Jean-Luc Vincent, une comédie (d’anticipation ?) féministe qui décrit avec humour un univers dystopique où une dictature patriarcale s’est emparée du pouvoir. Un spectacle satirique et corrosif, coproduit par Chateauvallon-Liberté, ou quand le SCUM Manifesto de Valérie Solanas rencontre Papy fait de la résistance du Splendid !
Depuis le lycée, Céline Fuhrer et Jean-Luc Vincent ne se quittent plus : études de philo et de lettres classiques, débuts sur les planches, aventure avec Les Chiens de Navarre, puis « en solo », écriture d’une première pièce décalée. On s’amuse, on improvise, on se pose des questions, avec l’envie d’assouvir un vieux fantasme : « Créer un vaudeville politique. » De leur imaginaire débridé surgit alors le spectacle La femme n’existe plus, qui se réclame à la fois du célèbre aphorisme de Jacques Lacan « La femme n’existe pas« , de l’humour sans filtre des pièces de théâtre du Splendid, de l’histoire militante du MLF et du mouvement Femen. Un grand écart conceptuel qui ne pouvait déboucher sur autre chose qu’un ovni théâtral…
Dans un futur proche, une dictature patriarcale dirigée par le GRAF (Grand Retour aux Fondamentaux) s’est installée. Si quelques manigances électorales ont bien aidé à son ascension, le pouvoir en place s’est également adjoint la force de frappe de la Culture, ses institutions comme ses artistes, pour convaincre les gens de l’aspect rassurant et sexy de son idéologie. C’est qu’ils savent s’y prendre les bougres ! Mais c’est sans compter sur quatre femmes – toutes interprétées par le duo Furher/Vincent, que rejoignent sur scène Valérie Karsenti et Cédric Moreau. Cet insolite quatuor « féminin » entre alors en résistance, et aménage une sorte de maquis dans un tunnel d’égout afin d’élaborer un plan pour libérer les femmes, exclues du travail salarié et de toute responsabilité citoyenne, désormais cantonnées au domestique. À l’ancienne.
Nous l’avons déjà dit et répété, et cette pièce enfonce le clou : l’humour est un formidable outil pour défendre des idées, l’une des meilleures alternatives au pamphlet. « Traiter le féminisme avec humour ne revient pas à s’en moquer, mais bien au contraire à tenter de montrer l’absurdité de tout discours, attitude, comportement et projet de société relevant d’une pensée sexiste. Et cette absurdité, si elle peut faire rire, n’en a pas moins des conséquences tragiques« , indiquent les auteurs dans leur note d’intention. Pour donner corps à cet humour, le duo s’est nourri des réflexions – parfois en totale opposition – de grandes figures du féminisme comme Annie Le Brun, Simone de Beauvoir, Delphine Seyrig, Françoise Dolto, ou encore Virginie Despentes et Alice Coffin. Un mélange des genres et de registres linguistiques qui promet !
Coproduite par la scène nationale Châteauvallon-Liberté, La femme n’existe plus sera présenté, à l’issue d’une résidence, en première à Toulon.
8 au 10 nov 20h, Théâtre Liberté, Toulon. Rens: chateauvallon-liberte.fr
photo : La femme n’existe plus © Joseph-Philippe Bevillard